Connu pour ses peintures abstraites de paysage, Ben Arpea tente aujourd’hui de les faire vivre dans le monde numérique. En témoigne sa récente exposition, 100% digitale, présentée à l’occasion d’Art Basel.
Des bols de fruits, une étendue de mer bleue et des nappes rayées. Jouant avec la matière comme avec le motif, les peintures de Ben Arpea évoquent si bien les vues méditerranéennes qu’elles pouvaient déjà être qualifiées d’immersives, sans aucun dispositif technologique ajouté. Alors, quand l’artiste français se rapproche de la plateforme DANAE.IO pour leur donner vie, on craint d’abord avoir affaire à un simple gadget – ce qui, malheureusement, est parfois le cas ces derniers temps. Avant, heureusement, de se rendre compte que cet apport numérique transforme ses œuvres en une véritable invitation au voyage, à laquelle il ne manque que le chant des cigales.
L’expérimentation chevillée au corps
Baptisé Un balcon sur la mer, ce premier show numérique fusionne art physique et art digital, dans le sens où il orchestre pour la première fois chez Ben Arpea une collaboration entre la peinture et l’intelligence artificielle. « Le digital, pour moi, c’était très abstrait. Et l’IA encore plus, confiait d’ailleurs le peintre à CitizenK, à propos de cette première expérience. Mais finalement, ça a été vraiment un processus créatif, réalisé en collaboration avec l’intelligence artificielle. Je lui ai présenté une photographie d’un de mes tableaux. Et avec l’IA, on a travaillé ensemble pour l’animer et le rendre réel. C’était très intéressant comme processus créatif. Il y a un côté un peu émouvant dans le fait de voir cette œuvre s’animer. » Précisons en effet qu’au centre de l’exposition, une œuvre peinte sert de point de départ et nourrie une IA, celle-ci est alors chargée de générer des propositions d’extensions afin de prolonger le geste pictural de l’artiste à l’infini.
Un dialogue entre le sensible et la technologie
À l’évidence, cette expérimentation est aussi satisfaisante que porteuse de nouvelles possibilités pour Ben Arpea, jamais effrayé par l’idée d’essayer de nouvelles choses. Également passé par la sculpture et le design, le Parisien, éduqué aux travaux de Tom Wesselmann, David Hockney ou André Breton, voit ainsi cette nouvelle pratique comme une opportunité de questionner, encore et toujours, le statut du créateur, l’idée étant d’explorer « ce qui relie la matière et la lumière, la main et l’algorithme, le tactile et l’immatériel ».
Dans le communiqué de presse, Ben Arpea explique aussi qu’entre peinture et pixels l’exposition Un balcon sur la mer « propose un dialogue ouvert entre le sensible et la technologie – une nouvelle manière de regarder, d’habiter et de ressentir l’image. » Une nouvelle vision de son art que Ben Arpea relie évidemment à d’autres artistes, attirés comme lui par la possibilité de s’emparer des pratiques digitales.