Riche en propositions et en festivals, le mois de juin a réservé bien des surprises. Voici trois des plus belles découvertes faites ces dernières semaines en matière d’art numérique.
Sougwen Chung – BODY MACHINE (MERIDIANS) – DESERT BIOME
Une pulsation lente traverse l’espace. Autour d’elle, des bras robotiques esquissent des trajectoires invisibles, guidés par les flux internes d’un corps en méditation active. Inspiré de la notion de machine comme métaphore de Gilbert Simondo, BODY MACHINE (MERIDIANS) de Sougwen Chung achève l’idée d’une quête tant recherchée par les artistes ; la symbiose entre organique et technologique, de celles qui tissent un lien intime entre physiologie humaine et systèmes artificiels. L’œuvre prend la forme d’une installation immersive, où bio-signaux, encres et gestes chorégraphiés se superposent pour former une calligraphie vivante, dans laquelle la machine serait une extension presque naturelle du corps. Brillant !
Petra Cortright – sapphire cinnamon viper fairy
Présenté à Art Basel, sapphire cinnamon viper fairy apparaît, translucide et scintillante, au cœur d’un univers saturé de textures numériques. Une chimère née des profondeurs d’Internet, de ces filtres chatoyants et avatars liquides qui peuplent nos flux. Pionnière du post-internet art, Petra Cortright compose ici un tableau mouvant, à la fois hypnotique et déroutant, dans la lignée des Impressionnistes. Couleurs mentholées, visages mi-humains, mi-fées, paysages glitchés : tout semble ici flotter comme dans un rêve artificiel, quelque part entre le virtuel et le sacré. Une esthétique de la fugacité, portée par une étrange douceur qui subsiste, malgré tout.
Fleuryfontaine – Soixante-sept millisecondes
Un regard, à peine le temps d’un battement de cil. « Soixante-sept millisecondes » suffisent à une IA pour détecter une émotion, deviner un récit, inventer une biographie. Avec cette œuvre hybride, entre documentaire, expérience sensible et questionnement autour des excès liés au maintien de l’ordre en France, le duo Fleuryfontaine explore les dérives de la reconnaissance faciale et des technologies prédictives. Présenté au Champs-Élysées Festival et disponible sur Arte, le court-métrage conjugue poésie, réflexion politique, images générées par ordinateur et vertige éthique. Dans un espace-temps suspendu, les visages deviennent territoires d’interprétation, et révèle ainsi toute la fragilité de nos identités observées.