Entre art, science et métamorphose du vivant, la Biennale Némo 2025 dévoile, parmi tant d’autres choses, trois créations qui brouillent les frontières entre matière, code et perception. Dans ces œuvres, la technologie ne domine pas le monde. Au contraire, elle l’écoute, le rêve, le traduit. Vous en doutez ? Rendez-vous à Paris du 11 octobre au 11 janvier.

Plant Being – Phygital Studio
Pensé par Phygital Studio, spécialisé en art numérique et expériences interactives, Plant Being fait entendre ce dialogue secret entre la biologie et la machine : des capteurs, des électrodes ou encore l’IA y traduisent l’activité végétale en sons, en images et en pulsations lumineuses. Dans cette installation audiovisuelle générée par une plante, chaque feuille devient une onde, chaque vibration un mot ; l’occasion, pour le studio néerlandais, d’inventer un langage phygital, un alphabet entre chlorophylle et silicium. Ici, la plante n’est plus objet d’observation mais sujet de conversation. Un être sensible, interconnecté, dont la voix algorithmique nous renvoie à notre propre rapport au vivant.

Rewild – Ismaël Joffroy Chandoutis
À l’heure du métavers, Rewild fait le chemin inverse, allant du virtuel à la terre. Dans son installation vidéo immersive, Ismaël Joffroy Chandoutis explore la contamination du réel par l’imaginaire numérique. À partir du jeu Farming Simulator, et à travers ses paysages hybrides, mi-pixellisés, mi-naturels, l’artiste français interroge le paradoxe entre simulation agricoles virtuelles et déclin du secteur dans le monde physique. Nourrie de captations 3D et de textures de jeu vidéo, Rewild se présente comme une fable écologique et mélancolique, et fait du jeu un médium capable de dire beaucoup de notre époque. Ou du moins, d’engager une réflexion poussée sur notre rapport au vivant à l’ère de l’IA.

Sensation quantique – Caroline Delétoille, Aurore Young et Céline Boisserie-Lacroix
Trois artistes, trois sensibilités, un même vertige : celui du monde invisible. S’appuyant sur les recherches menées au laboratoire Kastler Brossel (Paris) et au Quantum Matter Institute (Vancouver), Sensation quantique propose une expérience sensorielle inspirée des phénomènes subatomiques. Grâce à un dispositif interactif, le corps du visiteur capte des champs électromagnétiques, des ondes ou encore des vibrations – autant de manifestations de l’énergie quantique. L’installation, à la croisée des sciences et du spirituel, nous plonge alors dans une esthétique de la résonance, un espace immersif où la lumière pulse comme un battement de cœur cosmique.
- Biennale Némo, du 11.10.25 au 11.01.26, CENTQUATRE-Paris, Maïf Social Club, Philarmonie, etc., Paris.