Conçue par l’un des artistes les plus bankables de l’art numérique, Beeple, la sculpture Diffuse Control, présentée au LACMA, ne repose pas seulement sur l’image. Sous la forme d’un dispositif à douze écrans, elle invite à une danse collective englobant dans un même élan artiste, public et algorithmes.
Un mur de lumière, douze grandes dalles lumineuses alignées ou empilées, toutes formant un prisme visuel à partir duquel se rejoue une recomposition d’images anciennes, d’œuvres du domaine public tirées de la collection du Los Angeles County Museum of Art. Vous n’avez pas l’image ? Pas grave : c’est là tout l’intérêt de la nouvelle installation de l’artiste américain Mike Winkelmann, connu sous le nom de Beeple, visible jusqu’au 4 janvier 2026 au LACMA.
Une nouvelle vision des rapports muséaux
À l’origine, Diffuse Control est né d’un système d’intelligence artificielle qui, depuis un site web dédié, accepte les contributions des visiteurs – ce qui, in fine, tend à brouiller une fois de plus la frontière entre créateur et spectateurs. Ces derniers peuvent en effet interagir, proposer des images ou des motifs, et voir instantanément l’image-œuvre se transformer, se défaire et se recomposer sous leurs yeux. Carrelage ottomans, assiettes chinoises, dalles décoratives renaissent ainsi sous l’œil de la machine, comme autant d’éléments en sommeil que l’on réveillerait soudainement. Dans la foulée, des motifs d’autrefois se réveillent et s’illuminent, dérivant peu à peu vers l’abstraction. On y perçoit une juxtaposition du temps, un interstice au sein duquel l’Histoire des arts décoratifs se mêle aux possibilités de l’IA.


À la recherche d’une expérience commune
Si Diffuse Control est une expérience unique, et vise à envoyer valser toutes les conventions de la monstration muséale, l’œuvre est surtout marquante pour ce qu’elle dit de l’approche de son créateur. Alors que Beeple est habituellement invité à compléter les collections ou la programmation d’un espace d’exposition, on le surprend ici à étendre son univers, en permettant notamment aux visiteurs de découvrir l’immensité des archives du LACMA, tout en leur offrant la possibilité de devenir curateurs d’un jour. Une énième réussite, artistique et médiatique, pour ce pionnier des NFTs qui ne peut décidément pas investir les institutions sans transformer l’acte créatif en une expérience commune.