En 2024, le festival Scopitone prône l'(in)surrection

En 2024, le festival Scopitone prône l'(in)surrection
©Etienne Francey/Scopitone

Dédié aux cultures électroniques et aux arts numériques, le festival Scopitone revient à Nantes pour une 22e édition, toujours portée par un tiercé qui s’est jusqu’alors montré gagnant :  musique, architecture cinétique et exposition engagée. Cette dernière se déroule au Stéréolux et répond à un seul mot d’ordre : le soulèvement. 

Et si l’on profitait de l’accalmie estivale pour réfléchir aux questions philosophiques, politiques et sociales ayant secoué notre pays (et, plus globalement, le monde entier) ces derniers temps ? Pour le festival nantais Scopitone, cette possibilité s’impose comme une évidence : même lorsque l’on ne se bat pas, la réflexion, elle, ne doit jamais s’arrêter. La preuve au Stéréolux via l’exposition (in)surrection qui explore les facettes poétiques, écologiques ou politiques de la rébellion, au sein d’un parcours en trois volets réunissant une quinzaine d’artistes numériques aux regards différents, mais complémentaires.

L’éloge du soulèvement

« Certains phénomènes, qu’ils suivent une logique immuable ou qu’ils défient les lois de la physique, élèvent les objets et les êtres vivants ». C’est par cette phrase énigmatique que débute le parcours de l’exposition, qui prend sa source dans la thématique du soulèvement des corps, d’une lévitation incarnant l’évasion en même temps qu’un ordre naturel.

Au détour de quatre œuvres, cette première partie défie la gravité et fait le choix d’un angle littéral pour lier nos corps à notre environnement physique, voire, plus largement, à notre environnement social et politique. Une belle entrée en matière qui annonce un deuxième temps : celui du soulèvement de la nature. Ici, sept installations se succèdent pour permettre au public de mesurer l’impact de l’Humanité sur la Nature et les raisons de l’insurrection de cette dernière. Puissante et mystique, celle-ci se révèle quoiqu’il arrive la grande gagnante. Car si elle perd, nous perdons aussi. Un constat qui introduit une dernière étape, revenant sur les soulèvements populaires, ainsi que sur l’utilisation des technologies par les autorités afin de contrôler les masses – des armes que se réapproprient les artistes, soit pour dénoncer, soit pour détourner des systèmes, ou encore pour se faire les porte-voix du peuple et faire retentir la parole des opprimés.

Un festival hors les murs

Du 18 au 22 septembre, (in)surrection s’impose donc comme une exposition plus que nécessaire au sein du contexte international actuel. Cependant, si son sujet est aussi lourd qu’important, le festival s’appuie également sur une programmation hors les murs plus ludique et plus légère, comme pour permettre à quiconque de digérer ce parcours artistique. De l’autre côté de la Loire, Scopitone investit en effet la place Graslin avec l’architecture cinétique et lumineuse Flux du Collectif Scale, qui dialogue avec des projections lasers et lumineuses sur la façade du théâtre Graslin.

Bien entendu, impossible également de parler de Scopitone sans mentionner ses désormais célèbres Nuits Électro, des soirées live mettant la fête, l’expression des corps et – surtout – l’émergence et la diversité de la scène électronique à l’honneur. Un événement plus que jamais attendu par les publics de Nantes et d’ailleurs, qui s’accompagne, en parallèle, de huit concerts gratuits. 

À lire aussi
L'art de la désobéissance numérique : rencontre avec Jean-Paul Fourmentraux
“Il n’y aura plus de nuit”, 2020 ©Éléonore Weber
L’art de la désobéissance numérique : rencontre avec Jean-Paul Fourmentraux
Socio-anthropologue, critique, et théoricien de l’art français, spécialisé dans la question du rapport entre art, politique et…
12 juillet 2024   •  
Écrit par Maxime Delcourt
Collectif Scale, les architectes d’émotions
“Hula Hoop” ©Gael Turpo
Collectif Scale, les architectes d’émotions
Leurs installations s’exposent à l’international et brouillent les frontières entre l’homme et la machine. Rencontre avec le collectif…
05 juillet 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
« La technologie ne m'intéresse que pour me connecter à la nature » : rencontre avec Neil Harbisson, pionnier du cyborg art
Portrait de Neil Harbisson ©Dilip Bhoye
« La technologie ne m’intéresse que pour me connecter à la nature » : rencontre avec Neil Harbisson, pionnier du cyborg art
Depuis 2004, Neil Harbisson vit et crée avec une antenne implantée dans le crâne. Alors qu’il s’apprête à exposer ses nouveaux travaux au…
25 août 2023   •  
Écrit par Maxime Delcourt
Explorez
En studio avec Thomas Vanz : « Je suis à la recherche du code source »
En studio avec Thomas Vanz : « Je suis à la recherche du code source »
Montrer des choses dont on ne peut pas faire l’expérience directe, donner l’impression d’évoluer en apesanteur au cœur d’un monde...
17 septembre 2024   •  
Écrit par Maxime Delcourt
Guillaume Marmin, sculpteur de lumière
Guillaume Marmin, sculpteur de lumière
Et si la forme la plus pure du cinéma était la lumière ? Un simple faisceau qui, une fois étiré, semble capable de dire tant de choses ?...
13 septembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Cosmogonie, textile et jeux vidéo : les 5 inspirations de Diane Cescutti
Cosmogonie, textile et jeux vidéo : les 5 inspirations de Diane Cescutti
Tissage, coding, vidéos, 3D, installations. Diane Cescutti le reconnaît volontiers : elle « pioche dans tous les sens ». En marge d'Ars...
11 septembre 2024   •  
Écrit par Maxime Delcourt
Associer VR et prises de vues réelles, la belle ambition de François Vautier
“Champ de Bataille”, 2024 ©François Vautier
Associer VR et prises de vues réelles, la belle ambition de François Vautier
Sélectionné à Venice Immersive, “Champs de Bataille” de François Vautier détonne. Par son sujet historique, là où beaucoup de projets en...
10 septembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Biennale Chroniques : tout savoir sur la programmation 2024
“Derniers Délices” ©Smack et Claudie Gagnon
Biennale Chroniques : tout savoir sur la programmation 2024
Du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025, la Biennale des Imaginaires Numériques fait son grand retour dans le sud de la France. Proposant...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Une brève histoire des relations entre l'art et les jeux vidéo (5/6) : 2012 : Le jour où le MoMA a intégré des œuvres vidéoludiques dans ses collections
“Minecraft”, 2011 ©Markus “Notch” Persson
Une brève histoire des relations entre l’art et les jeux vidéo (5/6) : 2012 : Le jour où le MoMA a intégré des œuvres vidéoludiques dans ses collections
Dans cette nouvelle série, Fisheye Immersive tente de faire taire les mauvaises langues : non, l’art et les jeux vidéos ne sont pas si...
18 septembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
En studio avec Thomas Vanz : « Je suis à la recherche du code source »
En studio avec Thomas Vanz : « Je suis à la recherche du code source »
Montrer des choses dont on ne peut pas faire l’expérience directe, donner l’impression d’évoluer en apesanteur au cœur d’un monde...
17 septembre 2024   •  
Écrit par Maxime Delcourt
Art génératif : connaissez-vous l'œuvre de ces 5 artistes pionniers ?
“AI Infinity”, 1993 ©John Maeda
Art génératif : connaissez-vous l’œuvre de ces 5 artistes pionniers ?
John Maeda, Golan Levin, LIA, Joshua Davis, Helena Sarin : tous ces artistes semblent injustement tenus à l'écart de la reconnaissance...
17 septembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard