Du 10 décembre au 18 mars, 400 jeunes ont occupé la Gaîté Lyrique, faute de logement, avant d’être expulsés et renvoyés dans la rue. Si le centre culturel n’a pas choisi cette occupation, elle n’a jamais caché son soutien au Collectif des Jeunes de Belleville. Et se trouve aujourd’hui dans une situation extrêmement tendue…
« Abandonnée par la Ville de Paris, la Gaîté Lyrique est en grand danger. » Sans détour, le centre culturel dédié aux cultures post-internet annonce la couleur sur les réseaux sociaux, ainsi que dans un communiqué. Depuis son occupation par des centaines de mineurs isolés, l’institution peine à se relever. Après avoir récupéré leurs locaux le 14 mai dernier, les équipes font le bilan. Et ce dernier n’annonce rien de bon. « L’établissement a été fermé pendant plus de 5 mois. La perte d’exploitation liée à cette fermeture, dans laquelle la Gaîté Lyrique SAS n’a strictement aucune responsabilité, est de près de 3 millions d’euros », indique l’organisation. Un coup dur, mais qui ne suffit pas à abattre la résiliante Gaîté Lyrique. Qui poursuit : « D’ores et déjà, la Gaîté Lyrique est mobilisée pour compenser et absorber une part significative de cette perte financière. Nous avons demandé à la Ville de Paris, propriétaire du bâtiment, un soutien exceptionnel pour accompagner cet effort. Le Conseil Municipal avait pris plusieurs résolutions en ce sens. »
Une décision incompréhensible
Après une période difficile, tout irait donc bien pour l’institution parisienne ? Et bien non. Dans ce fameux communiqué, on apprend que « la Ville de Paris fait volte face et refuse de participer au redressement économique de l’établissement. » Pour ce dernier, c’est « la douche froide. » La décision leur paraît « incompréhensible au regard des engagements pris, du rayonnement culturel de la Gaité Lyrique et de ses conséquences sociales immédiates sur le maintien de plus de 80 emplois. » En effet, le lien entre la Mairie de Paris et la Gaîté Lyrique s’était manifesté à plusieurs reprises : alors que le 18 mars 2025 (jour-même de l’évacuation), la maire de Paris rappelait sur France Inter le caractère « exceptionnel » de la Gaîté Lyrique et de son projet, le 9 avril suivant, c’est l’adjointe à la Culture, Carine Rolland, qui saluait l’accueil et la responsabilité de l’institution, précisant : « Il convient évidemment que nous puissions aujourd’hui accompagner l’établissement pour qu’il rouvre ses portes et accueille à nouveau le public dans les plus brefs délais. (…) Nous tiendrons donc – je tiens à être explicite sur ce point – les engagements pris dans le cadre du contrat qui nous lie sur la gestion et l’exploitation de l’établissement. Nous poursuivrons le dialogue de gestion avec le concessionnaire et pourvoirons à toute forme d’indemnité si elle est nécessaire. »
Le 9 mai dernier, la Ville de Paris a donc versé la subvention annuelle due dans le cadre du contrat de concession pour l’exploitation régulière de l’institution. Pourtant, contrairement à ses engagements publics, la Ville de Paris a fait savoir à la direction de la Gaîté Lyrique « qu’il n’y aurait pas de compensation financière à la perte d’exploitation exceptionnelle subie. » Alors si le centre culturel tient à préciser qu’elle ne demande pas à la Mairie de régler tous ses problèmes, elle lui demande par contre « de tenir ses engagements et de participer financièrement à sa reconstruction économique, et plus encore de protéger les emplois qui œuvrent au quotidien pour le rayonnement culturel de son institution. » Et, plus largement, de la capitale toute entière.