Au carrefour de l’art numérique et de l’abstraction contemporaine, Digital Season, Merging Redthread Landscape de June Kim propose une expérience visuelle unique. Parce qu’elle explore autrement les contours du paysage classique, et parce qu’elle questionne la place du numérique dans notre perception de l’environnement.
Réalisée en impression numérique, Digital Season, Merging Redthread Landscape joue avec une palette de couleurs saturées où dominent les teintes rouges et orangées. Est-ce là un couché de soleil ? Des aurores boréales ? Une île qui s’érigerait soudainement de l’eau ? Peu importe, finalement. L’intérêt est ailleurs : il est dans la chaleur et dans l’intensité de ces ondulations qui évoquent plutôt une saison digitale imaginaire, une sensation, se détachant consciemment du très redondant « jumeau numérique ». À la place, June Kim se sert de la précision de ses détails digitaux pour contraster avec la fluidité des formes organiques, créant un équilibre subtil entre désir de contrôle, rigidité algorithmique et légèreté naturelle.
L’onde allégorique
Si l’apparence organique de Digital Season, Merging Redthread Landscape séduit l’œil, son sens, lui, conquiert l’esprit. En effet, cette composition illustre parfaitement la démarche artistique de l’artiste coréenne, aussi bien inspirée par les technologies contemporaines que par les croyances les plus ancestrales de son continent. Car oui : tout le travail de June Kim articule une réflexion autour d’une ancienne croyance asiatique selon laquelle « un fil rouge invisible relierait à la naissance ceux qui sont destinés à se rencontrer. » Non seulement le fil rouge est un symbole d’interconnexion, mais, grâce à June Kim, il devient l’allégorie du lien entre le monde physique et son double numérique, rappelant la tension constante entre deux réalités, tout en soulignant l’idée que ces frontières ne sont finalement pas si rigides.
C’est justement grâce à l’esthétique singulière de cette œuvre, à son mouvement presque palpable, que le spectateur peut s’autoriser à plonger dans une contemplation méditative. D’un côté, il y a ces lignes vibrantes et ces nuances profondes qui captivent le regard ; de l’autre, il y a cet enchevêtrement d’éléments qui suscitent une réflexion plus large sur la façon dont l’art numérique peut transformer notre vision du paysage, ainsi que la manière dont nous appréhendons différents types de relations, entre les gens, entre la réalité et la fiction, entre le physique et le virtuel. Digital Season, Merging Redthread Landscape devient ainsi une fenêtre ouverte sur un futur où ces oppositions ne sont plus antagonistes, mais s’entrelacent au contraire dans une danse harmonieuse.