Avec Modes of Vibration, Gadi Sassoon, compositeur et artiste audiovisuel, bouleverse notre perception sonore. Ce n’est plus simplement une écoute, c’est une immersion. Ce n’est plus un concert, c’est une installation. Ce n’est plus un album, c’est une sculpture vivante.
À la croisée des disciplines, Modes of Vibration est un album transmedia qui s’écoute autant qu’il se contemple. Présenté en première mondiale à l’ONU dans le cadre du Summit 2025 Programme – AI for Good, qui se tenait début juillet à Genève, cinq mois après son équivalent parisien, ce projet sonore signé Gadi Sassoon repense la place de la musique dans l’espace. Celle-ci, c’est là toute la singularité du projet, n’est plus confinée à l’intimité de l’oreille ; elle s’expose désormais comme une œuvre, aussi monumentale que vibrante.

L’instrument comme extension du corps
Au cœur de ce projet ? Un instrument colossal, né d’une collaboration transatlantique entre le centre EMPAC de New York et les ateliers experts d’un forgeron italien. Une structure de métal et de câblage, conçue avec la rigueur d’un luthier et la poésie d’un sculpteur, qui permet au musicien d’insuffler du corps aux fréquences de son violon électronique. Une manière de faire résonner la sculpture comme un corps animé qui vibre. Qui vit.
« Les gens sont fascinés de voir les vibrations sur ces plaques, confie Gadi Sassoon. Un piano vibre aussi, mais on ne le regarde pas comme un objet d’art. La vraie question, c’est pourquoi cela est perçu comme une œuvre alors que d’autres instruments, eux aussi vibrants, ne le sont pas ? » Une interrogation simple, presque naïve, mais qui résume finalement tout l’enjeu du projet : faire ressentir la musique autrement. Ici, chaque note se transforme en une onde, chaque fréquence, en une matière en mouvement. Ainsi, les sons deviennent visibles à travers les vibrations des plaques, qui ondulent comme des peaux tendues, capturant l’invisible dans une danse organique. Le spectateur ne se contente pas d’écouter : il perçoit, ressent, observe, plus que jamais immergé dans une expérience qui convoque autant le regard que le corps.

Une œuvre aussi politique que poétique
Avec Modes of Vibration, Gadi Sassoon poursuit ici une démarche profondément artistique mais aussi philosophique : celle de questionner notre rapport au réel à travers l’art immersif. En exposant la musique comme une sculpture, l’artiste bouscule nos hiérarchies culturelles : pourquoi valorise-t-on un tableau silencieux plus qu’un instrument qui résonne ? Dans une ère dominée par l’omniprésence de la donnée et de l’image, Modes of Vibration réaffirme la puissance primitive du son. Pas celui qui divertit, mais celui qui enveloppe, qui transforme, qui lie les gens les uns aux autres.