Du 18 au 22 juin, la nouvelle édition du festival ELEKTRA, à Montréal, compte s’appuyer sur un événement majeur : le lancement d’un musée virtuel, accessible gratuitement grâce à un casque VR.
On le savait dans les tuyaux. On avait même pu expérimenter une version test en juin 2024, lors de la Biennale internationale d’art numérique. On en a désormais la confirmation. ELEKTRA, festival pionnier de la création numérique à Montréal, profite de sa 24e édition pour ouvrir les portes d’un espace où l’architecture s’affranchit des lois de la gravité : un musée virtuel, sculpté dans le code et la lumière. Un espace 2.0 où chaque œuvre respire dans un monde sans murs.
L’illusion comme espace de vérité
Conçu comme une sculpture navigable, l’EVM – ELEKTRA Virtual Museum – n’est pas une simple galerie en ligne de plus ; c’est un monde à part entière, un édifice mental rendu tangible par les lignes de code. Le projet emprunte notamment au biomorphisme ses formes liquides, ses volumes organiques, ses cavités de rêve. Ici, la lumière est matière, les murs respirent et les escaliers flottent.
Le musée, accessible gratuitement en ligne ou via casque VR, se déploie sous la forme d’un bâtiment avec plusieurs étages, accessible par ascenseur, chacun porté par une atmosphère singulière. Au sein de ces alcôves numériques, des artistes comme Baron Lanteigne, Bill Vorn, Chun Hua Catherine Dong, Eyez Li, Philippe Internoscia, Skawennati, Kevin Dubeau, Tanya St-Pierre ou encore Philippe-Aubert Gauthier dialoguent avec l’invisible, se jouent de la perception. Leurs œuvres, modélisées en 3D, participent ainsi à cette volonté de transcender le cadre de l’écran ; elles font corps avec l’architecture, incitent le spectateur à l’explorer de part en part.
Le musée du 21e siècle ?
Ce que propose ELEKTRA avec l’EVM, ce n’est pas seulement une nouvelle façon de montrer de l’art. C’est une nouvelle manière de le concevoir. Le musée cesse d’être un simple contenant pour devenir un organisme vivant, en constante métamorphose. Il n’y a plus d’horaires de visite, plus de garde-fous physiques, plus d’écrans à traverser. L’expérience est, en plus d’être immersive, bien plus intime.
Au fur et à mesure que l’on découvre cet espace immatériel, une question émerge : à quoi ressemblera le musée du XXIe siècle ? À une cathédrale de verre et d’acier ? Ou à une forme mouvante, sans centre ni périphérie, capable de se nicher dans chaque foyer connecté ? Loin du folklore technophile ou de l’innovation gadget, le festival installe Montréal dans une cartographie artistique internationale où la technologie n’est jamais la fin, mais toujours le début du langage. Une promesse nous est faite, de manière tacite peut-être. Celle que l’art, affranchi de la matière, peut encore nous désarmer, nous ralentir, nous faire douter. Et finalement, au détour d’un couloir de pixels, nous redonner le goût du réel.
- Festival ELEKTRA, du 18.06 au 22.06, Cœur des sciences – UQAM, Montréal.