On en redemande : les monstres anxiogènes de Sanya Kantarovsky gagnent les écrans

16 août 2023   •  
Écrit par Manon Schaefle
On en redemande : les monstres anxiogènes de Sanya Kantarovsky gagnent les écrans
“A Solid House” ©Sanya Kantarovsky
Leda, 2020 ©Sanya Kantarovsky
A Solid House, 2022 ©Sanya Kantarovsky

Reconnu pour ses peintures lugubres, l’artiste russe Sanya Kantarovsky dévoile son premier film animé au CAPC de Bordeaux : A Solid House. Ou comment prendre du plaisir en se faisant peur.

Dans ses peintures, Sanya Kantarovsky multiplie les apparitions étranges, les visions d’horreur et créatures angoissantes, toutes droit sorties d’un film d’horreur. Il y a Uramado (2020), mettant en scène une femme fantôme aux longs cheveux noirs qui semble persécuter psychiquement un homme dans son sommeil. On se fascine aussi pour Leda (2020) et sa réinterprétation du fameux tableau de Dalí Leda Atomica. Surgissant du fond d’un étang, une figure apparaît dans le sillage d’un cygne : est-ce une sorcière, ou plus simplement un corps rendu effrayant, car sans vie ? À chaque fois, un même constat : les images de Sanya Kantarovsky, originaire de Moscou, ruissellent de scénarios macabres, suffisamment lugubres pour nous glacer le sang…

Animer pour mieux hanter

Avec A Solid House (2022), c’est la même ambition qui opère : repéré par le commissaire Cédric Fauq et rapidement diffusé à « Vidéodrame », programme du CAPC dédié à l’image en mouvement et au film d’artiste, ce long-métrage interpelle d’emblée par une triple faculté : réjouir, terrifier et témoigner de la diversification d’un artiste dont les oeuvres font écho à nos plus grandes angoisses.

Toute le talent de Sanya Kantarovsky, né en 1982, est en effet de se servir de l’épouvante et du surnaturel pour traduire des maux contemporains et des crises existentielles. Alliant humour noir et critique sociale, A Solid House exprime par exemple le sentiment d’étroitesse du milieu bourgeois et ses frustrations à travers un appartement aussi confortable que suffocant, symbolisée par cette créature étrange enfermée à l’intérieur. Tout se passe ainsi comme si la vidéo d’animation, en mettant en mouvement l’absence de mouvement, permettait d’amplifier ici l’effet de séquestration. Passionnés de ses toiles, on fonce.

À lire aussi
Cocorico : qui sont les artistes français de la sélection « immersive » à la Mostra Venise ?
“Flow” ©Adriaan Lokman
Cocorico : qui sont les artistes français de la sélection « immersive » à la Mostra Venise ?
Pour la 80e Mostra de Venise, du 30 août au 9 septembre 2023, les productions hexagonales se taillent une place de choix au sein de la…
01 août 2023   •  
Écrit par Manon Schaefle
Au MoMa, une exposition explore l’impact de la vidéo sur nos vies
“Signals: How Video Transformed the World“ ©MoMA
Au MoMa, une exposition explore l’impact de la vidéo sur nos vies
Dans “Signals: How Video Transformed the World”, le Museum of Modern Art de New York (MoMa) abrite jusqu’au 8 juillet prochain près de…
02 mai 2023   •  
Écrit par Lila Meghraoua
Explorez
Ne cherchez plus la relève de l'art numérique français : elle est au Frac Île-de-France
“Cannibales”, de Flora Bouteille ©Marine Leleu
Ne cherchez plus la relève de l’art numérique français : elle est au Frac Île-de-France
Depuis sa création, le Fonds régional pour les talents émergents (FoRTE) illustre la vitalité de l'art contemporain et numérique...
29 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Book Club : « Infinite Memory » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Couverture de "Infinite Memory" ©Lenz Press
Book Club : « Infinite Memory » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres...
28 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Sung Hwan Kim, la mémoire dans la peau
“Hair is a morceau of head”, 2021 ©Sung Hwan Kim
Sung Hwan Kim, la mémoire dans la peau
Actuellement exposée au ZKM de Karlsruhe (Allemagne), l’artiste originaire de Corée du Sud Sung Hwan Kim nous invite à réfléchir sur les...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
"Electric Dreams", l'exposition qui remonte aux sources de l'art numérique
“Environnement Chromointerférent”, Paris, 1974-2017 ©Carlos Cruz-Diez/Bridgeman Images, Paris 2024
« Electric Dreams », l’exposition qui remonte aux sources de l’art numérique
À partir du 28 novembre 2024, la Tate Modern de Londres présente “Electric Dreams”, une exposition explorant l'émergence de l'art...
26 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Nos derniers articles
Voir tous les articles
De fil en aiguille : la technologie au service de l'artisanat textile
“Digital Jacquard” ©Bérénice Courtin
De fil en aiguille : la technologie au service de l’artisanat textile
En 2024, est-ce encore légitime d’opposer innovation et tradition ? À l’heure où la technologie infuse tous les domaines, ceux de...
29 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Ne cherchez plus la relève de l'art numérique français : elle est au Frac Île-de-France
“Cannibales”, de Flora Bouteille ©Marine Leleu
Ne cherchez plus la relève de l’art numérique français : elle est au Frac Île-de-France
Depuis sa création, le Fonds régional pour les talents émergents (FoRTE) illustre la vitalité de l'art contemporain et numérique...
29 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Book Club : « Infinite Memory » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Couverture de "Infinite Memory" ©Lenz Press
Book Club : « Infinite Memory » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres...
28 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Maladroits, déviants, inutiles : les robots de Byungjun Kwon questionnent la machinisation du monde
“On the Bird’s Day- First episode - Fear of the 13 Ahae”, 2024 ©JD Woo
Maladroits, déviants, inutiles : les robots de Byungjun Kwon questionnent la machinisation du monde
Dans le bestiaire de la robotique enrichi par les créatures mécaniques de Stelarc, Mark Pauline ou Bill Vorn, celles de Byungjun Kwon -...
27 novembre 2024   •  
Écrit par Adrien Cornelissen