Pour sa 28ème édition, Paris Photo poursuit son exploration du pixel et de l’algorithme, au-delà de son médium de prédilection, grâce au « Secteur Digital », partie intégrante de la foire depuis déjà trois saisons.
Du 13 au 16 novembre 2025, le Grand Palais ouvrira ses portes à une nouvelle cartographie visuelle, où l’image n’est plus uniquement prise, tirée, accrochée mais où elle se génère, se module, s’active sur des écrans. Niché au coeur de l’évènement, le « Secteur Digital » de Paris Photo présente treize galeries et plateformes curatoriales, rassemblées sous le commissariat de Nina Roehrs, qui confirment avec force les liens entre photographie et art numérique.
« Créer des ponts entre les générations est essentiel, car l’histoire de l’art digital ne peut être dissociée de celle de la photographie, résume la commissaire. Dès ses débuts, la photographie est un médium qui s’est constamment redéfini à travers l’innovation technologique – des procédés chimiques à l’imagerie électronique, des scanners aux premières images manipulées par ordinateur. En ce sens, l’art digital ne vient pas de l’extérieur, mais émerge de questions déjà inhérentes à la pratique photographique : des interrogations sur l’indexicalité, l’authenticité, la reproductibilité et la nature construite de l’image. »


La matière vivante de l’image
Conçu comme un pont entre l’histoire de la photographie et l’avenir de l’image, le « Secteur Digital », rappelle Nina Roehrs, « met en lumière la manière dont les pratiques digitales étendent le médium au-delà de ses frontières traditionnelles et façonnent une écologie d’images en constante évolution ». En effet, ici, naissent des œuvres hybrides, des espaces immersifs, des images synthétiques, mais aussi des dispositifs invitant à la réflexion. Questionnant la définition même de l’œuvre, les travaux de Louis-Paul Caron, Emi Kusano ou Shavonne Wong l’affirment : elle n’est plus la fin, mais le commencement d’un dialogue entre technologie, perception et création.

Au sein de la programmation, on (re)découvre aussi THE SECRET LIFE OF FLOWERS de Julieta Tarraubella, où des écrans en mosaïque en time-lapse transforment le cycle floral en une sculpture numérique, mais aussi Kevin Abosch qui, via sa série ETHICAL WORK, propose de faire un pas de plus grâce à des images génératives issues de modèles de diffusion, nourries par ses propres corpus photographiques, qui questionnent l’authenticité et la paternité du regard. Enfin, Luke Shannon réinvente le scanner comme dispositif intime : son Replacement Character presse le corps contre la surface, enregistre des empreintes temporelles au sein d’une œuvre qui se construit au moment du contact, faisant de son dispositif un acteur central de l’expérience.
En confirmant son soutien à l’art numérique, Paris Photo tisse une poétique du futur. Et prouve que non, l’image n’est plus seulement celle que l’on fixe, mais bien celle que l’on expérimente, qu’on traverse et qui se renouvelle, minute après minute. Que le visiteur s’y perde ou s’y retrouve, peu importe : c’est dans l’écart, le mouvement et la variation, que jaillit la beauté contemporaine.
- Paris Photo, du 13.11 au 16.11, Grand Palais, Paris.