Ce mercredi 22 octobre 2025, le premier Prix Arts numériques de la Fondation Etrillard – Académie des Beaux-Arts a été décerné à Jonas Lund, qui a séduit le jury avec son œuvre MVP (Most Valuable Painting), une toile qui évolue au rythme du regard collectif.
Actuellement présent au sein de l’exposition Dopamine, au Cube Garges, Jonas Lund est de ces artistes dont les œuvres prennent différentes formes. Un jour, elles s’incarnent via des sites web ou des sculptures ; le lendemain, elles deviennent performances ou peintures, de préférence nourries de multiples lignes de code. Dans tous les cas, elles sont pensées comme des expériences au sein desquelles le spectateur est partie prenante d’un système plus vaste, où l’on s’interroge autant sur le réseau que sur le pouvoir ou la valeur des choses – des thématiques presque inhérentes à notre époque. Chaque projet semble ainsi questionner le monde avec une ironie douce. Qui décide de ce qui vaut ? Qui trace la frontière entre l’humain et l’algorithme ?
La peinture à l’ère des données
Ces interrogations sont aussi au cœur de MVP (Most Valuable Painting), l’œuvre qui à valu à Jonas Lund, né en 1984 en Suède et passé par les Pays-Bas pour ses études, de se distinguer parmi les autres finalistes, Thomas Marcusson et Justine Emard. En étant le premier lauréat du Arts Numériques de la Fondation Etrillard – Académie des Beaux-Arts, l’artiste a l’honneur de recevoir une dotation de 20 000, tandis que son œuvre sera exposée en France ou en Suisse l’année prochaine.
MVP (Most Valuable Painting), justement : à travers ce projet artistique algorithmique participatif, composé de 512 toiles numériques évolutives, Jonas Lund s’attaque au mythe même de la peinture, dans un geste qui questionne le marché de l’art en temps réel et permet à l’œuvre d’évoluer en fonction des choix, des goûts et des interactions du public. La main du peintre devient alors geste collectif, quand l’artiste, lui, s’efface au profit du réseau, soucieux de voir comment une communauté de personnes peut influencer la composition des images.

Un lauréat évident
Plus qu’une simple remise de prix, la distinction de Jonas Lund résonne comme une reconnaissance de l’art computationnel : celui qui, à travers le pixel et l’algorithme, cherche encore à toucher la part sensible du monde. Une valorisation dont est conscient le grand gagnant : « Cette distinction récompense non seulement mon travail avec MVP, mais aussi ma pratique artistique plus large, précise-t-il. J’explore depuis longtemps la manière dont les technologies en réseau façonnent la valeur des choses, le pouvoir d’action et la culture. Le fait que l’Académie, cette institution historique, choisisse d’ouvrir ses portes aux pratiques numériques marque une étape importante dans la reconnaissance de leur place dans l’art contemporain. »
Quant au jury, à en croire les mots de la photographe Valérie Belin, il a surtout été séduit par « l’audace, la cohérence et la capacité à questionner le regard du spectateur » d’une œuvre invite à une réflexion sur la nature même de l’art numérique et les processus qui sous-tendent sa création. Félicitations à son auteur !