Sung Hwan Kim, la mémoire dans la peau

27 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Sung Hwan Kim, la mémoire dans la peau
“Hair is a morceau of head”, 2021 ©Sung Hwan Kim

Actuellement exposée au ZKM de Karlsruhe, en Allemagne, l’artiste originaire de Corée du Sud Sung Hwan Kim travaille avec obsession sur les notions de migration et d’immigration. 

Pour sa première exposition d’envergure sur le territoire européen, nommée Protected by roof and right-hand muscles, Sung Hwan Kim a décidé d’y aller fort. Fort dans le visuel, toujours aussi impactant, mais également dans les thématiques abordées. Habitué à explorer la mémoire au sein de son travail, l’artiste sud-coréen, 49 ans, s’associe ici au musicien et compositeur David Michael DiGregorio (alias dogr) afin de créer un univers visuel et sonore narratif, prétexte à de multiples réflexions et interprétations au sujet des mouvements massifs de diverses populations, volontaires ou non. Toujours très engagée, Sung Hwan Kim profite de ce travail pour interroger également l’intégration de ces exilés au sein de leur pays d’accueil.

© Sung Hwan Kim, Washing Brain and Corn, 2010, image vidéo

Un profil éclectique

Se sentir comme un exilé, jamais réellement à sa place, Sung Hwan Kim connaît parfaitement. Né à Séoul, ce dernier vit et travaille aujourd’hui entre New-York et Berlin, après s’être installé pendant un temps à Amsterdam. Toute sa vie, le Coréen semble ainsi l’avoir dédié au voyage, à ses humeurs vagabondes. En 2000, déjà, après avoir été diplômé d’architecture à l’Université nationale de Séoul, il s’envole pour le Massachusetts, où il obtient une licence en mathématiques et en art au Williams College de Williamstown. Il enchaîne ensuite avec un master en études visuelles au MIT de Boston, et se rend en Europe pour devenir résident de la Rijksakademie d’Amsterdam à partir de 2004. 

Nul doute que ces multiples déplacements ont forgé la personnalité de l’artiste, qui s’attèle aujourd’hui à retranscrire les sentiments multiples liés au mal du pays. Au ZKM, par exemple, il se plaît à entremêler la vidéo, la musique, la narration et la sculpture au sein d’un même espace, au sein duquel il assume par ailleurs le rôle de conteur, du genre qui n’hésite pas à se jouer des émotions des spectateurs afin de faire passer un message. Avec, en toile de fond, cette question : « Comment peut-on se soucier des problèmes au-delà des frontières nationales, sans parler de soi ? ».

Une première exposition d’envergure

Toujours aussi marqué par ses études d’architecture, le plasticien profite de Protected by roof and right-hand muscles pour créer de véritables environnements immersifs permettant de traduire cette notion de frontière, tout en jouant lui-même avec les limites de son rôle. D’artiste exposé à commissaire d’expo, de créateur plastique à concepteur de lumière, le touche-à-tout ne fait pas de choix. Et c’est tant mieux : rassemblant plus de deux décennies de travaux, l’exposition, initialement réalisée pour le Van Abbemuseum d’Eindhoven, aux Pays-Bas, s’accompagne également d’une monographie imprimée. L’opportunité rêvée de poursuivre l’exploration de l’univers unique de Sung Hwan Kim, même une fois la visite terminée.

  • Protected by roof and right-hand muscles, de Sung Hwan Kim, 23.11.24 – 21.04.25, ZKM, Karlsruhe, Allemagne.
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