Danielle Brathwaite-Shirley
Il y a quelque chose de quelque peu anachronique dans les œuvres de Danielle Brathwaite-Shirley, prises en tenaille entre une esthétique pixelisée rappelant inévitablement les jeux vidéo des années 1990/2000 et un positionnement politique tourné vers le monde actuel. Ce contraste, c’est toutefois ce qui donne toute sa puissance au travail de l’artiste et conceptrice de jeux vidéo britannique : aujourd’hui basée à Berlin, Danielle Brathwaite-Shirley profite effectivement de ses avatars glitchés, de ses animations 3D et de ses modélisations DIY pour mettre en scène les corps des trans noires dans des espaces virtuels, donc tenus à l’écart de toute forme de matérialité pesante. « J’utilise la technologie pour imaginer nos vies dans des environnements qui placent nos corps en leur centre, écrit-elle dans sa bio. Des corps qui vivent, ceux qui sont morts, ceux que l’on a oubliés ». Tout le travail de l’Anglaise, qui prend tantôt la forme d’installation, de jeux vidéo ou de performance, pourrait dès lors être résumé par un seul mot : archiver, documenter ces vies encore trop souvent absentes du grand récit de l’humanité.