Ancienne fabrique de machines devenue lieu d’exposition, le Pittlerwerke abrite jusqu’au 9 juillet Dimensions – Digital art since 1859 : une ambitieuse exposition mettant à l’honneur en soixante propositions artistiques la diversité des arts numériques.
Les arts numériques auraient-ils bel et bien atteint leur âge de raison ? À voir le programme de la gigantesque exposition Dimensions – Digital art since 1859, la réponse se veut plutôt positive. « Il y a longtemps que la numérisation a percuté le monde de l’art, peut-on lire dans la présentation de l’expo. Dimensions montre qu’il s’agit ici bien moins d’une nouvelle tendance que d’une constante dans l’histoire de l’art, qui a toujours été marquée par un dialogue fécond entre nouvelles technologies et nouvelles formes d’expressions artistiques ».
« Il est intéressant de constater que les arts numériques ont atteint, en même temps que le développement de la technologie, une certaine maturité »
À ce propos, il est tentant d’ajouter que la folle polyvalence de Léonard de Vinci, qui excellait aussi bien dans les arts que dans les sciences, l’illustrait déjà fort bien. Les 10 000 mètres carrés du Pittlerwerke de Leipzig, qui accueillent l’exposition jusqu’au 9 juillet 2023, devraient achever de convaincre les sceptiques du grand âge de l’art « technologique ». Dimensions s’ouvre d’ailleurs sur le travail du photographe français François Willème qui réussit dès 1859 à réaliser ce qu’il nomme des « photosculptures » – une superposition de photos prises grâce à l’utilisation simultanée de 24 appareils -, présageant la numérisation 3D telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Avant-gardisme culturel
À Leipzig, ce sont aussi soixante œuvres – issues de pionniers comme de l’avant-garde contemporaine – qui se partagent l’espace, racontent l’histoire et posent un regard sur les avancées de ces arts, ascendant technologique. « Il est intéressant de constater que les arts numériques ont atteint, en même temps que le développement de la technologie, une certaine maturité », commente le curateur en chef Richard Castelli (particulièrement connu des aficionados des arts numériques pour son expertise en la matière).
Il est également intéressant de noter que l’exposition s’articule autour de plusieurs disciplines (les arts visuels, immersifs, robotiques et génératifs). Ainsi, les avatars de l’artiste Lu Yang (programmé lors du Palais Augmenté 3 au Grand Palais Éphémère) ou les hallucinations algorithmiques de Refik Anadol côtoient les sculptures organiques de Choe U-Ram ou celles, impressionnantes, de Shira Takatani, représentant ici une sculpture 3D composée d’eau. Preuve, si l’on en doutait encore, de la richesse des arts numériques.