Comme maints monuments historiques avant lui, l’imposant Château royal de Collioure a cédé aux sirènes de l’expérience immersive. Depuis le 4 juin, il se redécouvre à la lumière (bleue) d’Explora, spectacle hi-tech niché dans une salle souterraine.
Dispositifs immersifs et patrimoine seraient-ils le duo gagnant des dernières velléités en termes de tourisme culturel ? Ce qui est certain, c’est que la tendance n’en finit pas de faire des émules. Ces dernières semaines, on a ainsi évoqué des projets au Mémorial de Verdun, dans les arènes d’Orange, au Palais de la Bourse de Marseille…Partons cette fois dans le château médiéval fortifié, à Collioure, qui craint de disparaître dans le paysage faute de renouveler l’expérience proposée à ses visiteurs.
Répondant à un appel d’offre, plusieurs entreprises se sont donc associées dans l’idée de concevoir une formule de visite disruptive, de sorte à dépoussiérer un peu la vieille pierre. Leur champ d’expertise, très vaste, s’étend de la muséographie au vidéo-mapping et à la scénographie immersive.
Une proposition « expérientielle et onirique »
Le Département des Pyrénées Orientales évoque un « spectacle ». Pour dire vrai, l’idée de sas spatio-temporel semble tout aussi bien coller, tant Explora, Le château invisible embarque pour un voyage dans le temps, enchaînant différents tableaux qui font réapparaître des « états disparus » ou « invisibles » du château. Sont également ressuscités les fantômes des « corps qui ont arpenté, habité, construit » le château dans l’optique de redonner place à la « petite histoire », celle de la classe populaire, grâce à des personnages qui ponctuent la visite d’interventions cocasses.
Problème : à force de trop vouloir en montrer, plutôt que suggérer, le monument ne risque-il pas de perdre de sa magie ? Explora, Le Château invisible n’occulte pas ces questions – après tout, l’expérience se veut la « moins impactante » pour l’architecture du lieu, peu invasive puisqu’elle se contente d’occuper une salle en souterrain, laissant le champ libre au château lui-même le reste du temps.
En prime, le département ose une ultime promesse : celle d’attiser l’imaginaire plutôt que de le saturer, valoriser le patrimoine sans jamais l’effacer derrière les artifices.