Black Mirror, la série la plus dystopique de notre époque, rempile pour une septième saison. Et ne pouvait, évidemment, pas ignorer le sujet de l’intelligence artificielle, sujet phare d’un 3ème épisode splendide et ô combien troublant.
Baptisé Hotel Rêverie, ce troisième épisode de la saison 7 de Black Mirror se détache complètement du reste de la série, dans le sens où il ne joue pas sur la même angoisse que les autres épisodes, où sa forme tient plus du court-métrage qu’autre chose, où il incite à réfléchir, sans frisson inutile, dans une esthétique noir et blanc inspirée du cinéma des années 1940.
L’histoire se concentre sur Brandy Friday (interprétée par la brillante Issa Rae), une actrice américaine en quête de sens. Fatiguée des rôles stéréotypés que lui attribue sans cesse l’industrie, elle accepte de participer à un projet inédit : un système de simulation appelé « ReDream » lui permettant de s’immerger en direct dans la reconstitution d’un classique de l’âge d’or d’Hollywood, Hotel Reverie, au sein duquel elle interprète le rôle masculin principal, entourée d’IA.
Intelligence (pas vraiment) artificielle ?
L’une de ces intelligences artificielles, Clara Ryce/Dorothy Chambers (interprété par Emma Corrin), commence peu à peu à s’écarter du scénario original. À cause de l’arrivée de Brandy et d’un problème technique, la frontière entre le personnage de riche héritière de Clara et la vie tourmentée de l’actrice Dorothy se brouille, si bien qu’une relation émerge entre la nouvelle venue contemporaine et l’héroïne en noir et blanc. Soulevant une question, qui sous-tend l’ensemble de l’épisode : l’IA développe-t-elle de réels sentiments, basés sur ceux de son interprète, ou respecte-t-elle une passion scriptée ? Cette interrogation prend de l’ampleur à mesure que la trame numérique montre ses failles, allant jusqu’à isoler les deux protagonistes dans un espace suspendu, bien loin des décors sans défaut du film.
Entre désir sentimentaux de l’une et quête de liberté de l’autre, rien ne se passe comme prévu. Et conduit inévitablement (attention spoiler !) à une réinitialisation, condamnant Brandy, seule être réellement douée de conscience, à se souvenir d’un amour pas vraiment vécu, d’une machine pas vraiment programmée, d’une intelligence pas vraiment artificielle. Sans réponse, le spectateur laisse à son tour son imagination prendre le dessus, guidé par cette douceur dont Black Mirror n’a pas toujours été coutumière. .