En Autriche, la ville de Vienne a lancé une nouvelle campagne – les esprits malicieux diront « chat-pagne » – afin de promouvoir ses musées. Comment ? Via des œuvres générées par une intelligence artificielle. Problématique ? Pas vraiment.
Afin d’attirer toujours plus de visiteurs, l’office du tourisme de Vienne a recours à une recette vieille comme Internet : les chats. « Désolé, Egon. Désolé, Gustav. (…) Mais aujourd’hui, les gens ne se lassent pas des contenus avec des chats », fait mine de s’excuser l’institution auprès de ses plus illustres artistes, Egon Schiele et Gustav Klimt. Dans une série d’images générées par Midjourney et Dall-E, le célèbre Baiser de Gustav Klimt laisse en effet place à deux chats lovés l’un contre l’autre, l’autoportrait d’Egon Schiele prend l’apparence d’un chat nous regardant l’air maladif, tandis que la Tour de Babel de Bruegel est envahie par des félins facétieux.
L’art et l’IA : félin pour l’autre ?
« Où l’intelligence artificielle trouve-t-elle sa créativité – outre dans les textes bizarres écrits par ses utilisateurs ? », interroge l’office du tourisme dans un billet. Avant d’avancer une possible réponse : « Dans d’immenses bases de données composées de chefs d’œuvres. Quelque part, Klimt et Schiele ont rendu les œuvres d’art IA possible », poursuit-il, prenant le contrepied de bien des débats autour d’une intelligence artificielle générative uniquement destinée à spoiler et à enterrer les artistes. « Découvrez l’art derrière l’art IA » : avec beaucoup d’humour, la ville de Vienne rappelle ainsi son extraordinaire richesse artistique et culturelle – 100 musées sont répertoriés au sein de la capitale autrichienne.
Dans une autre vidéo promotionnelle, c’est à l’historien d’art Markus Hübl qu’a été demandé de commenter ces œuvres d’art d’un air nouveau, selon des interprétations félino-artificielles. Ce qui est plutôt malin. Reste simplement à espérer que la ville ne soulève pas la colère en ayant ainsi recours à l’IA. Rappelons que le ballet de San Francisco, qui s’était appuyé sur Midjourney pour une campagne d’affichage, a été accusé en décembre 2022 de valider une technologie encourageant le vol de propriété intellectuelle.