On disait qu’elles étaient l’avenir. Après avoir posé un regard sur l’état actuel du marché des NFTs, c’est au tour des cryptomonnaies d’être décryptées. Voire décriées.
À une ère où le président des États-Unis, Donald Trump, s’acoquine avec les géants de la tech, on aurait pu s’imaginer que l’usage des cryptomonnaies aurait pris un coup d’accélérateur, notamment dans des domaines comme l’art, qui a déjà contribué à démocratiser son usage via la technologie NFT. En réalité, il n’en est rien. Si le Bitcoin continue toujours son ascension, du côté des règlements, peu passent à la caisse virtuelle, préférant des moyens de paiement traditionnels.
Une utilisation qui peine à être généralisée
Cette réalité, voire cette défiance, les galeries d’art l’ont bien compris, ces dernières étant encore très peu au niveau mondial à proposer à leurs collectionneurs de régler en crypto… quand elles n’ont pas tout simplement fermé, à l’image de Dadiani Fine Art, l’un des premiers espaces de vente à intégrer l’achat via crypto dès 2017. Est-il encore un peu tôt ? Pas de doute pour Grida Jang, la fondatrice de la galerie Artverse, pourtant entièrement consacrée à l’art numérique, qui explique dans les colonnes du Quotidien de l’Art : « Nous n’en sommes encore qu’à la toute première étape : celle de convaincre ceux qui ne connaissent ni le Web3 ni la crypto que l’art numérique est la prochaine étape de l’histoire de l’art. »
Les maisons de vente, elles, s’y mettent de plus en plus : après tout, passer à côté d’une enchère à cause d’un moyen de paiement serait regrettable. Et puis il faut se rappeler que l’œuvre de Beeple à l’origine de tout cet engouement pour les NFTs a été adjugée pour 69,3 millions de dollars chez Christie’s en 2021 et a été… réglée en crypto. De quoi motiver les concurrents qui, peu à peu, s’ouvrent à la blockchain. De Sotheby’s Metaverse à Christie’s 3.0, les plus grandes maisons internationales s’y essaient, avec un succès somme toute mesuré pour le moment.
La France à la traine
Du côté de la France, le tournant semble encore plus difficile à prendre, le Conseil des ventes volontaires (CVV) ayant longtemps interdit la vente de biens immatériels. Résultat : quelques NFTs chez Drouot, et une vente d’envergure chez Artcurial qui remonte déjà à 2022. Pas plus.
Lucie-Éléonore Riveron, fondatrice de FauveParis et animatrice du podcast L’Art du NFT, a tenté de se positionner comme pionnière dans le domaine. Avec, là encore, des difficultés : « En trois ans, un seul règlement en crypto a été enregistré par FauveParis, » admet-elle, toujours au Quotidien de l’Art. En cause ? La lenteur du CVV à s’adapter à ces nouveaux moyens de transaction, qui n’a fait passer une loi autorisant la vente d’œuvres immatérielles qu’en 2022. Alors, l’arrivée de Trump y changera-t-elle quelque chose ? Ou le monde n’est-il simplement pas prêt à renoncer à ses devises classiques ? Réponse dans quelques années.