Retour sur la vague de protestations qui secoue Hollywood depuis ce printemps. Les raisons de la colère ? Les IA, qui commencent à se faire un peu encombrantes du point de vue des travailleurs de l’industrie du film…
L’épisode « Joan est horrible » dans la saison 6 de Black Mirror a quelque chose de très perturbant… On y découvre deux femmes : la première, jeune, est en lutte contre un feuilleton télévisé qui s’est accaparé des détails de son intimité pour en faire son scénario ; la seconde, incarnée par Salma Hayek, a perdu malgré elle le contrôle sur les droits d’utilisation de sa doublure holographique.
Sortant la série de son genre anticipateur, cet épisode fait écho à une actualité brûlante : celle d’un Hollywood en grève contre l’avidité des producteurs et des technologies qui menacent l’avenir des professionnels du secteur. À croire que la réalité a bel et bien rattrapé la fiction…
David contre Goliath
Que reprochent donc les travailleurs du cinéma aux IA ? Premièrement, le vent de révolte est arrivé par la voix des scénaristes, qui dénoncent leurs conditions de rémunération, même si les systèmes d’IA – tel l’agent conversationnel Open AI, ChatGPT – sont aussi visés par les critiques dans une tribune signée par 1300 personnalités. À leurs yeux, ces technologies opèrent un véritable pillage de leur créativité (les IA étant capables d’imiter un style grâce au machine learning), et menacent à terme de tirer la qualité des productions vers les méandres d’une écriture automatisée… En toile de fond, la crainte que de nouveaux systèmes surpuissants encore en phase d’expérimentation ne rendent pour de bon les cerveaux humains obsolètes.
Du côté des acteurs et actrices, le courroux s’élève cette fois contre l’utilisation de doublures numériques (pensons à Christopher Reeves dans The Flash). Pour les grands rôles, mais aussi pour les plus précaires, comme les figurant·es, ce qui a pour conséquence de raccourcir la durée des tournages et donc de réduire les salaires des principaux concerné·es…
Dès lors, est-on entré dans l’ère d’un cinéma sans humain ? Quand on l’interroge sur la question, ChatGPT n’en semble pas convaincu : « Bien que je puisse générer des idées intéressantes et des éléments de scénario, il peut y avoir des aspects où le travail d’un scénariste humain pourrait offrir une touche plus profonde, émotionnelle et artistique. Mon but est d’aider et de collaborer, mais je ne remplace pas complètement l’expertise et l’inspiration humaines dans des domaines aussi créatifs que l’écriture de scénarios. » À bon entendeur…