Incroyable mais vrai, l’art numérique s’invite au bureau, notamment au sein des sièges des grandes entreprises, où cette tendance semble s’accentuer. Explications.
Dans une étude menée par Viking en 2019, 54 % des employés l’affirmaient avec conviction : l’art devrait toujours être présent dans les environnements de travail. Paraîtrait-il que l’on se sent plus heureux avec des peintures dans son bureau. Pas faux. Toujours est-il que, cinq ans plus tard, l’art numérique semble prendre une place de plus en plus importante au sein des espaces tertiaires. Il n’y a qu’à voir l’œuvre placée dans le hall d’accueil du siège du cabinet ESI Design : un tableau numérique évolutif de 7 mètres de haut générant près de 5 000 compositions uniques rendant hommage à la ville de Chicago.
En sous-texte, il y a bien évidemment un objectif : transformer des bâtiments de bureaux, parfois ternes, souvent peu chaleureux, en lieux d’expériences capables d’attirer l’attention des passants et de proposer de l’art là où on ne l’attend pas. Peut-être est-ce aussi là une manière de galvaniser les salariés dans leur ardeur à la tâche, voire de mettre un peu de vernis sur un marché du travail de plus fragmenté, où beaucoup luttent pour exercer leur métier dans des conditions décentes. Qui sait ?
Un nouveau marché
La France n’est pas en reste au sujet de cette nouvelle connexion entre art et tertiaire. Récemment, le groupe français spécialisé dans l’audiovisuel Videlio s’est associé avec la start-up Artpoint, société spécialisée depuis 2019 dans la diffusion de l’art numérique, précisément dans l’idée de faire passer l’art des galeries aux entreprises privées. « À notre lancement, nous avons ciblé les secteurs les plus pertinents : l’hôtellerie, le retail et les bureaux d’entreprise, car l’art était à la croisée de multiples enjeux pour ces trois types d’acteurs », explique Laurie Bonin, l’une des cofondatrices, au média Maddyness.
Une décision qui a su précéder la pandémie, que personne n’a vu venir et qui, selon l’entrepreneure française, a transformé les bureaux en « lieux de convivialité où on vient pour s’inspirer et partager avec ses collaborateurs. L’art a un effet brise-glace à l’échelle d’un groupe et favorise les échanges ». En s’appuyant sur l’immense catalogue d’artistes numérique d’Artpoint (plus de 350 artistes issus du monde entier et des milliers d’œuvres digitales), Videlio propose ainsi de mettre en œuvre, superviser, héberger, maintenir et faire évoluer un projet artistique.
Promouvoir l’art numérique
Depuis une douzaine d’années, l’entreprise rentingART installe également des expositions temporaires d’art contemporain dans les bureaux de grandes entreprises. Pour Jade Tarrusson, business development manager chez rentingART, « l’art est un formidable outil de communication pour l’entreprise qui permet de valoriser la perception de ces locaux tout en répondant à la problématique du bien-être en entreprise des collaborateurs ».
Elle développe : « Aujourd’hui grâce à l’art digital, nous touchons des entreprises tournées vers la technologie et l’innovation. Nous cherchons à faire connaître ces créateurs au grand public, en diffusant des œuvres trop souvent cantonnées aux galeries d’art et aux musées. L’installation des écrans nécessite une simple prise électrique et une connexion Internet. Nous contrôlons la programmation à distance, ce qui nous permet de proposer un artiste différent chaque jour à partir d’un catalogue de plus de 10 000 œuvres digitales. Nous faisons en sorte d’adapter les propositions artistiques à l’ADN de l’entreprise et à l’actualité ». Et ainsi contribuer à démocratiser l’art numérique, qui devient accessible même lorsque l’on va bosser.