Invitée par le studio Ebb.Global de Neïl Beloufa à ouvrir le bal de Me Time, un voyage immersif niché au cœur de LUMA Arles, Jill Mulleady présente Fear of Losing You, une œuvre inspirée de son enfance. Forcément émouvant !
L’été pour Neïl Beloufa n’est décidément pas synonyme de repos ! Après avoir investi les Ateliers Médicis et Lafayette Anticipation avec La ruée vers l’or, direction LUMA Arles pour l’artiste franco-algérien à la tête du studio Ebb.Global, avec un projet collaboratif : Me Time. Le concept ? Inviter des artistes, des écrivains et des cinéastes à expérimenter les technologies qui façonnent nos vies numériques, telles que l’IA générative, la gestion de la confidentialité des données ou les algorithmes, afin de les rendre intelligibles et palpables au plus grand nombre. Chacun des artistes est ainsi encouragé à prendre possession d’un cadre complètement décloisonné, dans lequel les visiteurs sont invités à interagir avec les œuvres, à s’incarner en tant que personnages à part entière.
Quand l’IA se confronte au rêve
Cette utilisation de l’art en tant qu’outil de médiation, Jill Mulleady la défend elle aussi. Au cœur du projet Me Time, l’artiste uruguayenne est même la première à exploiter cette démarche avec Fear of Losing You, une œuvre inspirée d’une toile récente du même nom, revisitée ici grâce à l’IA générative afin de retracer un souvenir d’enfance dont elle a rêvé. On y voit une chambre dans l’estuaire du Río de la Plata, puis un phare sur une plage de l’Atlantique Sud, deux décors accompagnés d’une voix calme, qui nous raconte une histoire : celle du temps qui passe.
Plongé dans une salle de projection interactive et immersive – à la fois théâtre et agora -, le visiteur fait d’emblée face à des visuels uniques, apparaissant presque comme des messages subliminaux. Ici, la peintre ose le parallèle entre le souvenir humain et la mémoire technologique, la capacité du cerveau à créer des images en rêve et à illustrer une pensée lointaine et celle de l’intelligence artificielle. Au passage, Jill Mulleady expérimente et soulève une question : l’image générée par une IA vaut-elle la même chose que celle apparue en rêve ?