Repérée lors du Digital Art Fair de Hong Kong, l’installation Waves of Code de Jiayu Liu relève tous les défis de l’art numérique. Générée à partir d’une conversation avec ChatGPT, l’œuvre est une véritable ode à la lumière et à la philosophie.
Depuis plus de dix ans, l’artiste chinoise Jiayu Liu sculpte la lumière. Que ce soit à travers la projection 3D, la réalité augmentée ou encore l’intelligence artificielle, la pratique de Liu transcende les limites de l’art visuel, animée par l’envie de traduire les environnements qu’elles représentent en des espaces d’expressions émotionnelles. Philosophiques et poétiques, ces installations ont éclairé les plus grandes institutions internationales, du V&A de Londres au MUSEA de Hong Kong, en passant par la CC Foundation & Art Center de Shanghai ou a récemment été exposée l’océan numérique Waves of Code.
Une vague d’émotions
Nouvelle phase de l’expérimentation chez Jiayu Liu, Waves of Code joue la carte de l’épure. En dépouillant les dispositifs de projection de leurs éléments essentiels, l’artiste crée une simulation hypnotique de reflets marins, brouillant au passage cette fameuse frontière, tant explorée, entre mondes réels et virtuels.
En considérant les écrans, les diodes électroluminescentes et le verre organique comme les principaux supports de création, la jeune plasticienne érige une réponse visuelle aux théories du philosophe français Bernard Stiegler, pour qui l’unique dessein de l’humanité est l’annihilation totale de son désir par la technologie et le système industrielle.
Toujours pétri de références philosophiques, Jiayu Liu rejette également la notion de « perte de l’aura de l’œuvre d’art » de Walter Benjamin à l’ère du numérique. À raison, tant il est difficile de rester insensible face au spectacle lumineux offert par Waves of Code, cette installation qui, à en croire la commissaire de l’exposition éponyme, Irini Papadimitriou, se reçoit comme « un espace où l’on peut ressentir l’énergie de l’univers à travers la lumière et l’ombre ». De quoi faire réfléchir les nouvelles générations de philosophes sur le rapport beauté/machine.