A Karlsruhe, Today Is Tomorrow – « aujourd’hui c’est demain » – est la grande rétrospective de la ZKM consacrée à l’artiste multimédia Ulrike Rosenbach. Comme un besoin de rappeler au monde le temps qui passe…
Dans l’art, les éclipses et bonds dans le temps sont légion, c’est un fait. Après le « No future » du mouvement punk, le « Future is now » des Daft Punk, il faudra désormais compter sur le « Today is tomorrow » d’Ulrike Rosenbach. Que cache ce titre laconique ? Pour le savoir, reprenons les choses dans l’ordre.
Qui es-tu Ulrike Rosenbach ?
Ulrike Rosenbach, l’une des premières femmes artistes numériques d’Allemagne, s’est tournée au début des années 1970 vers le nouveau média qu’était alors la vidéo. Très vite, elle a su imaginer et utiliser ses possibilités expressives spécifiques afin de produire des formats inédits et hautement déstabilisants. Sa signature : des actions vidéo en direct, sortes de happening filmés à travers lesquels elle aborde les questions de l’attribution de rôles genrés et de la relation holistique entre l’homme et la nature.
Depuis les années 1980, Ulrike Rosenbach a su se renouveler au rythme de l’évolution des technologies, expérimentant aussi bien le montage que la sculpture médiatique. Pour son 80ème anniversaire, la ZKM à Karlsruhe couvre plusieurs décennies de productions, de recherches et, en quelque sorte, d’avant-gardisme via 120 oeuvres exposées.
L’image en mouvement au service de la condition féminine
Difficile de savoir à quoi s’attendre avec une artiste aussi complexe, qui aborde des sujets multiples à travers une pluralité de médias. Le plus souvent, c’est néanmoins vers elle qu’elle tourne son regard, allant jusqu’à installer une caméra fixe dans son atelier. Interrogeant la condition féminine, elle décortique ainsi sa propre position et le comportement qu’elle adopte en tant qu’épouse, mère et artiste. En fond, une question : est-elle préservée de ces jeux de rôle dont elle est consciente et qu’elle dénonce ? Si oui, jusqu’à quel point ?
On la sait avoir été engagée dans le mouvement américain de libération des femmes. Activiste et penseuse du mouvement de l’histoire, de ses mutations, Ulrike Rosenbach questionne finalement sans cesse les évolutions à l’oeuvre : le présent est-il progressiste ou rétrograde ?
Pour ce faire, l’Allemande réalise des enregistrements d’elle-même qu’elle superpose à des figures féminines issues de la culture populaire, de la mythologie et de l’histoire politique. Dans sa bouche, on se doute que l’expression « today is tomorrow » a donc quelque chose à voir avec l’idée d’un futur se construisant à l’heure actuelle, d’un avenir qui dépend étroitement de ce que l’on fait pour le construire dès à présent.