Le 24 juin prochain, la ville portuaire célèbre la troisième édition d’Un Été au Havre, un festival où l’art parcourt littéralement la ville. Focus sur deux des artistes d’une programmation pensée pour bousculer la création numérique.
Universal Tongue
Montrer l’humanité en train de danser, comme dans un immense Dancyclopedia : voilà l’idée que défend Anouk Kruithof avec Universal Tongue. Pour cela, l’artiste Néerlandaise s’est associée à une équipe de 52 « collecteurs » répartis à travers le monde afin de constituer via les réseaux sociaux un corpus de 8800 vidéos de danse où des professionnels, des amateurs, des adolescents, des adultes et même des avatars extraits du métavers se déhanchent. Sur un grand écran, installé aux Docks du Havre, ce sont donc 4 heures de danse qui défilent devant nous avec, pour fond sonore, une composition de l’artiste et designer Karoliina Pärnänen.
« Universal Tongue est né de ma fascination pour les vidéos de danse postées en ligne et qui sont représentatives de l’expression de soi, l’affirmation de notre identité culturelle, de notre puissance et de notre joie. La danse montre que l’humain est interconnecté dans ses expériences – l’unité dans la diversité, commente l’artiste. Ce travail montre comment la danse s’est développée à travers l’histoire comme partie intégrante de notre culture médiatique mondialisée, et de nos jours, elle se manifeste sur YouTube et Instagram. Et nous allons continuer de danser ».
Un travail qui n’est pas sans faire écho aux travaux du collectif français (La)Horde, qui interrogeait dans son spectacle To Da Bone les danses post-Internet, notamment via une « danse de chambre » qui a fleuri dès les années 2000 grâce à YouTube.
La ville qui n’existait pas
À l’évidence, Grégory Chatonsky est un des artistes contemporains les plus passionnants. Depuis plusieurs décennies, le Franco-Canadien s’empare des outils numériques pour mieux les interroger. Pour preuve, on tient l’installation Terre Seconde où, en 2019, lors de l’exposition Alt/r, Alternative réalité au Palais de Tokyo, Chatonsky présentait une IA sujette à la rêverie. L’artiste n’a donc pas attendu l’essor de l’intelligence artificielle générative pour travailler avec les machines et imaginer un nouveau réalisme, fait d’images d’images, mais aussi de vidéos de vidéos.
En 2023, on se réjouit ainsi de le voir s’associer à Un Été au Havre le temps d’une exposition composée de photographies de la ville portuaire générées par une intelligence artificielle. Créées à partir d’archives photographiques, ces images racontent un Havre à la fois alternatif et familier ; une ville imaginaire qui revisite la mémoire de la « vraie » cité. Passionnant !
- Un Été au havre, du 24 juin au 17 septembre, au Havre.