Parler d’argent, il paraît que c’est vulgaire ou ennuyeux. L’artiste britannique Robert Alice, considérant que cela nous concerne tous, fait le pari inverse, certain que les récentes évolutions (la blockchain, les Bitcoins…) amènent des questions philosophiques, concrètes et des craintes nouvelles. Son exposition BABEL, ouverte le 30 juin, en est la parfaite incarnation.
Plongée dans l’histoire de la monnaie, s’immerger dans les coulisses des crash financiers, comprendre l’apparition de la blockchain et des écosystèmes décentralisés… Voici ce qui compose le menu de BABEL à la Monnaie de Paris. L’idée ? Engager la discussion de façon créative et imagée, en dialogue direct avec les collections anciennes de l’institution, mais également jouer sur des effets de superpositions, d’analogies visuelles.
Alliage du fond et de la forme numérique
Pionnier de l’art NFT, Robert Alice s’amuse ici à créer des formes captivantes et puissamment parlantes. À travers « Ornaments and Crisis », où il confronte l’architecture néo-classique « solide » du bâtiment aux schémas d’une centaine de crises financières restées gravées dans les mémoires, le Britannique nous rappelle que la monnaie physique n’a jamais été gage de stabilité. Dans la foulée, il livre une vision défantasmée des crypto-monnaies – qui ne sont que d’autres formes d’argent à l’en croire –, dans une série d’œuvres hybrides (dessins, scans LiDAR, « smart contracts » NFT…), à la fois physiques et numériques.
Ainsi, leur forme appuie l’idée défendue tout au long de l’exposition : le virtuel est enraciné, solidement arrimé au matériel. D’où ce nom, « BABEL », qui évoque l’origine commune de deux choses venant de la même famille qui ont simplement divergé, pris deux sens différents. Aux côtés de la plateforme NFT LaCollection, Robert Alice opte donc pour une proposition affirmative ; oui, la place des crypto-monnaies dans l’histoire des systèmes monétaires est légitime. Et oui, il s’agit de nuancer notre perception au sujet de ces nouvelles technologies.
- BABEL de Robert Alice, du 30 juin au 22 octobre 2023, à la Monnaie de Paris.