Scopitone, le festival nantais des arts numériques et des cultures électroniques fait son grand retour du 13 au 17 septembre 2023 à Stereolux.
Prenez votre chapeau, vos lunettes de soleil, votre bonnet ou votre imperméable ; Scopitone nous emmène en territoire inconnu le temps d’une 21ème édition mettant à l’honneur, à travers une dizaine d’installations d’arts numériques, le thème de l’aller-retour.
Le tour de force du festival nantais, devenu au fur et à mesure des années une véritable référence, est de ne pas utiliser cette thématique comme un simple gimmick, mais bien de s’en servir pour poser de véritables questions, répondant à différents enjeux de société. On tient pour preuve The Lights Which Can Be Heard de l’artiste et chercheur interdisciplinaire Sébastien Robert : une installation envisagée comme une ode aux aurores boréales, en même temps qu’un plaidoyer contre la pollution sonore anthropocène – ces phénomènes naturels qui, à en croire les communautés autochtones de l’Arctique, émettent des sons ou, plus précisément encore, des ondes radio naturelles VLF (very low frequency) que les minéraux et les cristaux transformeraient en spectre audible. Problème : les signaux sonores produits par l’activité humaine tendent à rendre de plus en plus inaudibles ces différentes ondes.
Du côté de David Bowen, sculpteur multimédia américain, on retrouve ce même intérêt pour ces grandes étendues d’eau et leurs mystères. Ainsi, l’installation interactive Tele-present water prend la forme d’une vague métallique qui se meut selon des données du mouvement de l’eau d’une bouée amarrée au sud-ouest d’Honolulu, dans le Pacifique ; celle-ci, bien qu’à la dérive depuis 2011, est toujours apte à transmettre de multiples données.
Carnets de voyage
Sébastien Robert n’est pas le seul chercheur et artiste à figurer au sein de la programmation de Scopitone. Paul Duncombe en profite ainsi pour dévoiler le projet Manicouagan : soit des vidéos, des photographies et des scans 3D censés capter la beauté de « l’oeil du Québec », un cratère d’une centaine de kilomètres formé par l’impact d’une météorite. À noter que, depuis 2003, cet espace est considéré comme une réserve incroyable de la biosphère.
À Scoptine, on se passionne aussi pour deux dernières œuvres : Artificial Botany, à travers laquelle le collectif italien fuse* a donné vie à un carnet de voyage d’illustrations botaniques générées par une IA ; Ghosts Of Your Souvenir, où les artistes Émilie Brout et Maxime Marion jouent les touristes parasites en squattant les photographies touristiques prises par des inconnus. Curieux, le duo a ensuite mené sa petite enquête sur le web afin de retrouver ces différents clichés. On peut y voir une sorte de troll. Mais l’on est en droit aussi d’y voir, ce qui est sans doute plus juste, une autre manière d’envisager l’autoportrait.