Exporama, le rendez annuel de l’art contemporain à Rennes, est de retour cet été avec une trentaine de propositions réparties sur quinze lieux situés au sein de la ville bretonne. Parmi elles, l’exposition Muables, organisée par l’association Electroni[k].
Au sein de Muables, Eunoé n’est pas la seule installation à interpeller. Celle d’Ohme, Iris, par exemple, ne ressemble à rien de connu : tandis que le titre évoque la déesse grecque et messagère de l’Olympe, qui laissait des arcs-en-ciel pour signifier son passage, l’œuvre joue sur le thermochromisme ; soit la « capacité de certains matériaux à changer de couleur en fonction de la température ». C’est magique ? Non, naturel.
L’artiste dévoile aussi κῦμα, une installation électronique et cinétique, hérité du code créatif, où une machine s’autoperturbe et s’autorégule en direct grâce à des phénomènes scientifiques complexes. Enfin, ITA de Vica Pacheco révèle une animation 3D conçue pour de la musique live, selon une réflexion inspirée par les animations du réalisateur allemand Oskar Fischinger et les dessins d’Ernst Haeckel. L’influence est assumée, et n’empêche pas l’essentiel : le déploiement d’un univers bucolique !
- Muables, exposition collective, du 23 juin au 30 juillet 2023, Théâtre du Vieux St-Étienne, Rennes.
Electroni[k] est depuis 2001 une ambassadrice des cultures et pratiques artistiques numériques. L’association est d’ailleurs à l’origine de Maintenant (ex-Cultures Electroni[k]), un festival d’arts, de musiques et de nouvelles technologies. Pour cette édition d’Exporama, Electroni[k] investit le Théâtre du Vieux St-Étienne à Rennes avec Muables, une exposition collective proposant un regard sur la scène émergente belge en quatre installations.
N’oublie jamais
L’installation sonore Eunoé de Clarice Calvo-Pinsolle questionne le rôle thérapeutique du son pour raviver les souvenirs disparus. Si l’on pense à la mémoire involontaire évoquée par Proust dans La recherche, le narrateur entre ici dans la cour de l’Hôtel de Guermantes et heurte un des pavés inégaux de l’endroit. Aussitôt, des souvenirs affluent, notamment ceux de la fois où il a trébuché sur les pavés de la Place Saint-Marc à Venise. Il se rappelle alors à quel point il y était heureux. Sa tristesse du moment disparaît. Mais l’œuvre de Clarice Calvo-Pinsolle n’est pas qu’une histoire de souvenirs, c’est aussi une proposition qui se caractérise par ses sculptures en verre gorgées d’eau, traversées par un flux sonore, « comme s’il se chargeait de réactiver des souvenirs perdus entre l’amygdale et l’hippocampe ».