C’est un fait, Internet pollue. Mais, comme pour nos vieux vêtements, offrir une seconde vie à nos données est possible. À Berlin, une exposition d’art numérique en donne le meilleur des exemples.
Si l’on accuse souvent le secteur de la mode d’être à l’origine de tous les maux de la planète, l’informatique est loin d’être en reste. Représentant 4% de gaz à effet de serre émis, celui-ci consommerait entre 6 et 10 % de l’électricité mondiale. Soit autant que l’aviation… Sauf qu’à la différence des vêtements, on ne parle pas vraiment de recyclage ou de seconde-main pour les données informatiques. Pourtant, plus de la moitié des données stockées dans le cloud ne sont plus utilisées, constituant ainsi des déchets qui continuent de consommer de l’énergie et d’autres ressources sans réel intérêt.
Réduire, réutiliser, recycler
Alors, un réemploi de ces données est-il seulement envisageable ? C’est là tout le sujet de l’exposition berlinoise Passing Data – Upcycling the Digital, qui s’intéresse au gaspillage numérique via une méthode expérimentale mise en place par Veneta Androva, Raphaël Bastide, Bruno Gola, Kathrin Hunze, Yehwan Song et Shinji Toya. L’enjeu est simple, et clairement affirmé : et si, au lieu de polluer Internet, ces données devenaient des œuvres d’art ?
En tandem, les artistes ont échangé des images, des polices, des vidéos, des sons ou du code afin de les intégrer à leur pratique artistique. Une démarche écologique qui s’inscrit dans le programme annuel COPY PASTE WASTE de la galerie communale Prater : un projet créé dans le but d’explorer la durabilité numérique sous différents angles. « L’objectif n’était pas de réaliser une œuvre sur le thème de la durabilité (numérique), même si, au final, de nombreuses œuvres abordent ce sujet, rappelle Tereza Havlíková, l’une des commissaires de l’exposition. L’accent a été mis sur le recyclage en tant que méthodologie curatoriale et artistique. Le recyclage crée un nouveau cycle de vie pour un objet redondant ; c’est une technique bien connue de gestion des ressources physiques. Le recyclage donne à l’objet une nouvelle utilité que celle à laquelle il était initialement destiné. » Impossible, dès lors, de ne pas penser à Chi-Tien Lui qui, via son entreprise CTL Electronics, installée à New York, s’est donnée pour mission de restaurer des œuvres d’art vidéo.