Derrière la polémique, on attendait beaucoup de cette vente aux enchères hautement médiatisée. Il semblerait toutefois qu’elle n’ait pas rencontré le succès espéré…
La première vente de la maison Christie’s entièrement dédiée à des œuvres réalisées à l’aide de l’intelligence artificielle a-t-elle fait plus de bruit que de sous ? Achevée mercredi dernier, Augmented Intelligence semble en tout cas avoir fait les frais d’un climat tendu, voire même carrément hostile suite à la pétition signée par plus de 6 000 artistes et professionnels de l’art pour protester contre la tenue d’un tel évènement, vu comme une attaque aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle.
Des ventes décevantes
Le bilan, on le disait, n’est donc pas celui attendu. Les chiffres en attestent : sur 34 lots, 14 ont été adjugés bien au-deçà de leur estimation de départ. À l’image de l’oeuvre du pionnier Charles Csuri, cédée pour 50 400 dollars – une somme bien inférieure à la fourchette de départ, située entre 55 et 65 000 dollars… D’autres œuvres, comme Emerging Faces de Pindar Van Arman, pourtant extrêmement cotée sur le marchée de l’art, n’ont quant à elles reçu aucune offre. Seul Refik Anadol, véritable star du genre, semble s’en être bien sorti, le prix de sa création ayant été acté à 277 200 dollars : un beau chiffre, qui permet à Christie’s de faire bonne mine et d’annoncer fièrement un total de ventes avoisinant les 730 000 dollars.
Pour Nicole Sales Giles, chargée des ventes d’art numérique chez Christie’s, cela ne fait même aucun doute : la vente est un succès, et « confirme l’influence et l’importance » de l’art numérique. Derrière les sourires de façade, il est pourtant probable que le discours ne soit pas aussi enthousiaste en privé. Car oui, la vente aurait dû rapporter bien plus d’argent. Dans les colonnes de France TV infos, Steven Sacks, fondateur de la galerie new-yorkaise bitforms, se demande même si cette vente n’a pas eu lieu trop tôt : « Il y a encore besoin d’éduquer les gens, de comprendre l’histoire de ce milieu et, pour les artistes, d’avoir plus de visibilité, d’être exposés et de gagner en crédibilité. » La maison Christie’s aurait-elle été trop avant-gardiste ?