Vera Molnár, figure pionnière de l’art numérique, a beau nous avoir quitté le 7 décembre dernier, son art, lui, continue de fasciner. En témoigne Cent (ou mille) façons de faire, un solo show à découvrir jusqu’au 20 janvier à la galerie 8+4, à Paris.
Annoncée il y a quelque temps, l’exposition monographique du Centre Pompidou consacrée à Vera Molnár a aujourd’hui un tout autre goût. Disparue le 7 décembre dernier à 99 ans et 11 mois, cette grande dame de l’art informatique – et, par extension, de l’art numérique – laisse un immense vide dans le domaine de la création. Fort heureusement, l’œuvre de l’artiste franco-hongroise devrait continuer d’alimenter nombre d’expositions.
Afin de patienter jusqu’au 28 février, date de l’hommage rendu par le Musée d’Art Moderne de Paris, direction la galerie 8+4 qui honore actuellement la mémoire de la plasticienne via un solo show rétrospectif.
Croix de bois, croix de fer
Intitulée Cent (ou mille) façons de faire, l’exposition débutée le 14 octobre dernier (alors que Vera Molnár était encore en vie) revient sur les nombreuses variations du motif de la croix explorée par l’artiste depuis les années 1970. Cent, comme un clin d’œil à l’âge cathodique que la Franco-Hongroise n’atteindra malheureusement pas. Mille, en hommage aux possibilités infinies des algorithmes, fréquemment utilisés par cette grande figure de l’art informatique.
Mêlant dessins, acryliques, collages et sérigraphies, l’exposition propose également trente exemplaires d’un livre spécialement édité pour cette occasion, lequel rassemble 100 de ses dessins réalisés à la main, ici modélisés numériquement. Pensé conjointement avec Vera Molnár, Cent (ou mille) façons de faire présente aussi d’autres dessins, plus anciens, issus des années 1950 et 1970. Loin d’être anecdotiques, ou d’accentuer un sentiment nostalgique, ces derniers offrent au contraire une mise en contexte de la pratique de l’artiste qui questionnait déjà à l’époque le rapport entre l’humain et la machine. Sans jamais émettre l’envie de les opposer, Vera Molnár s’étant attelée durant toute sa carrière à les faire cohabiter, misant aussi bien sur l’esprit humain que sur la puissance calculatoire des ordinateurs.