Quand une prestigieuse maison de joaillerie, nommée Asprey, annonce se lancer dans l’art NFT, une question nous taraude : à quoi cela va-t-il ressembler ? Voici quelques éléments de réponse.
Dans les pas de Sotheby’s ou encore d’Hermès, c’est au tour d’une grande maison de bijoux de faire son entrée dans l’ère NFT. La nouvelle venue répond au nom d’Asprey, marque britannique de luxe née sous l’Ancien Régime, plus précisément en 1781. Osons le dire : l’ouverture de sa galerie d’art numérique Asprey studio amorce un choc des genres, des mondes, un mix décomplexé des esthétiques…
Qu’ont-ils donc tous à s’y mettre ? Esprit « troupeau », réel intérêt ou philanthropie ? Venu nous éclairer sur ses intentions, John Rigas (président d’Asprey International Limited) évoque un moyen inédit de « mettre en avant les artistes et artisans » avec lesquels la marque collabore depuis toujours. Car oui, derrière le luxe, ce sont des cerveaux créatifs qui turbinent, des petites mains méticuleuses qui s’appliquent à la tâche. Et le digital propose une nouvelle manière d’illuminer leur travail qui se fait à l’ombre des showrooms. L’un des premiers artistes mis en lumière par Asprey Studio n’est autre que le céramiste Ryan Barett à la technique très originale, recourant à la réalité virtuelle et l’impression 3D pour formuler des jeux inédits de textures.
Esprit de conquête
Mais ne crions pas « révolution » trop vite. Derrière ces belles ambitions, une stratégie marketing bien huilée. Celles de séduire les nouvelles générations, exclusivement pour ce qu’elles comptent de jeunes fortunes et de riches héritiers. Car la signature d’Asprey studio est et restera les collaborations de renom et le luxe, inaccessibles pour le commun des mortels. Autre exemple de ses oeuvres exposées : une série d’oeufs en métaux précieux dessinés par le constructeur automobile Bugatti, chacun doublé de sa version NFT. Les prétendants acquéreurs devront débourser une somme allant de 20.000 à 200.000 dollars pour s’en procurer une pièce. En période de crise, ce faste à de quoi faire tourner les têtes. Pas étonnant de la part d’une maison à qui l’on doit le diadème qui a couronné la reine Elisabeth II en 1953 et créé le bijou fétiche, le « Coeur de l’océan », du film Titanic. Sous forme de bijoux physiques ou de NFTs, Asprey ne change pas de ligne et continue de s’inscrire du côté du fantasme.