Loin de jouer la carte de la neutralité, les créateurs numériques suisses brillent sur la scène internationale. Que ce soit à travers des œuvres en réalité virtuelles ou des installations immersives, Fisheye Immersive vous propose de partir à la rencontre de cinq artistes qui prouvent que les helvétiques n’ont rien à envier au reste du monde.
Robin Haefeli
Avec une pratique au carrefour entre savoir-faire traditionnel et nouvelles technologies, Robin Haefeli se définit comme un sculpteur du numérique, mettant aussi bien son talent au service de l’art visuel que du jeu vidéo et de la joaillerie. Artiste pluridisciplinaire par essence, le Suisse a notamment créé sa marque d’objets de luxe il y a cinq ans, HRjewelry Geneva, et a co-fondé SIRO GAMES, où il travaille en tant que directeur artistique et modeleur 3D sur un premier jeu indépendant nommé Wéko The Mask Gatherer.
Lors de la dernière édition du GIFF, le touche-à-tout genevois (impression 3D, NFT, etc.) a notamment montré ses talents de cinéaste en présentant son premier film en réalité virtuelle, My Mind. Do You Mind ?, un court-métrage onirique mettant en scène ses masques signature. Soit des visages aux expressions multiples qui accompagnent le geste créatif de Haefeli, dont la relation à la matière en fait un Rodin des temps modernes.
Chloé Delarue
Avec une pratique affirmée, Chloé Delarue conçoit des mondes composites, où cohabitent des éléments naturels, des assemblages d’objets manufacturés, ainsi que des dispositifs numériques de génération d’images. En s’inspirant des environnements urbains, l’artiste genevoise imagine des corps hybrides, à la fois organiques et mécaniques, au fond semblables à nos sociétés capitalistes et post-industrielles.
Depuis l’obtention de ses diplômes à la Villa Arson (Nice) et à la HEAD (Genève), Chloé Delarue, 37 ans, a parcouru du chemin : exposée au centre d’art contemporain de la ville de Genève en 2015, au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds en 2019 ou encore à Windhager von Kaenel en 221, la Suissesse profite de chacune de ces mises en avant pour mettre en relation notre corps avec la transition de notre monde via des installations lumineuses, immersives et sensibles, qui mettent tous nos sens à l’épreuve.
Simon Senn
Probablement l’artiste numérique le plus célèbre du pays du chocolat, Simon Senn est diplômé de la HEAD de Genève et du Goldsmiths College à Londres, où il a obtenu un Master of Fine Arts en 2011, en parallèle à des événements artistiques où ses propositions se sont faites remarquer – rappelons qu’il a reçu le Prix Kiefer Hablitzel en 2009 et le Prix fédéral d’art en 2011. Exposé notamment lors de la Biennale de Liverpool, au ICA de Londres, au Kunstmuseum de Bern ou encore à Lafayette Anticipations à Paris, le travail de ce plasticien oscille entre vidéo et performance.
Alors qu’elle semble très politique au premier abord, très frontale également, l’approche de Simon Senn se veut plus nuancée qu’elle n’y paraît, l’artiste préférant les apories aux revendications scandées haut et fort, quitte à intégrer des éléments fictifs discrets à ses différentes installations.
Lauren Huret
Si Lauren Huret est née à Paris, c’est bien à Genève qu’elle fait ses armes, là où elle continue de vivre et de travailler. D’abord diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux, elle poursuit ses études à la HEAD de Genève, où elle enseigne désormais. Une posture de pédagogue qui n’empêche pas l’artiste, 39 ans, de continuer à développer sa pratique, reposant sur les croyances, les mythes et les fantasmes qui viennent avec l’avènement des nouvelles technologies.
Son travail, volontiers protéiforme, associant vidéo, collage, installations et performance, a notamment été montré à la Kunsthaus Langenthal, à la galerie Hard Hat à Genève, à la Panacée à Montpellier, au Copenhagen Contemporary, au Centre d’art contemporain de Genève, au Centre Culturel Suisse de Paris et à la HEK de Bâle. Pas rien, donc.
Odran Jobin
Actuellement étudiant à l’ECAL en 2e année Bachelor Media & Interaction Design, Odran Jobin n’a pas attendu l’obtention de son diplôme pour jouer dans la cour des grands. Si ses projets réalisés dans le cadre de l’école ont déjà attiré l’attention des professionnels du monde de l’art, le jeune créateur n’a pas hésité à s’exporter afin de présenter son travail à un public moins aguerri (et donc plus large) lors de la dernière édition du GIFF.
Accompagné de son camarade de l’ECAL Théo Déchanez, Odran Jobin y présente Phisus, un court-métrage de six minutes dans lequel le spectateur incarne une forme de vie liquide errant parmi les ruines d’un temple laissées par des humains plus avancés. Loin d’être anecdotiques, ces vestiges témoignent au contraire de l’aliénation des membres d’une secte qui ont tenté de retrouver le sens de la nature dans un monde déserté. Brillant !