La révolution technologique n’est pas prête de laisser le monde de l’art tranquille. Aujourd’hui, on découvre comment elle s’attaque à l’une de ses activités phare : la critique d’art. Et vient d’un même coup la désacraliser.
On ne l’avait pas vu venir, tant son allure vintage fait penser à ces chiens mécaniques que vendent les marchands de rue. Or, son système à lui est quelque peu plus complexe. En cause ? AICCA (pour « Artificially Intelligent Critical Canine ») n’est autre que le premier chien-robot critique d’art.
Présenté pour la première fois le 7 juin au Colección SOLO de Madrid, son inventeur l’artiste Mario Klingemann dévoile les ficelles de cette créature aussi fascinante que comique dans une vidéo en ligne.
Performeur et « influenceur canin »
Voilà comment ça se passe : AICCA déambule dans les expositions grâce à une plateforme sur roulettes, observe de son oeil-caméra et délivre une analyse de ce qu’il voit. Comment ? C’est là que la chose devient vraiment cocasse… Le petit fox-terrier « défèque » ses essais critiques via une imprimante qui tire des textes de son arrière-train.
Derrière cette touche un poil provocatrice, AICCA n’en reste pas moins un être savant, dressé selon les codes du maching learning. En lieu et place de son cerveau : un ensemble complexe d’algorithmes connecté à ChatGPT, capable de produire une opinion sur le style, la couleur, et même la sémantique d’une oeuvre. Et à en croire plusieurs artistes sur lesquels il a été testé, sa critique, qui a manifestement du chien, est loin d’être absurde !
Sans volonté d’offenser la profession, selon Mario Klingemann, son toutou n’a pas été conçu pour remplacer les vrais critiques d’art. Il est là pour délivrer une performance réflexive sur ce que signifie avoir un « oeil critique », mais se veut aussi être un clin d’oeil mignon au phénomène des influenceurs réseaux sociaux d’animaux de compagnie. En prime, il ne manque pas d’injecter un peu d’humour dans un domaine souvent jugé trop sérieux et élitiste.