Réalisée en collaboration avec une intelligence artificielle, l’œuvre de Damien Serban revient sur les nombreuses crises que connaît actuellement l’époque : sanitaire, écologique et existentielle.
À l’intersection exacte des arts numériques, de la réalisation et de la musique, le touche-à-tout Damien Serban torture numériquement ses oeuvres pour donner vie à des univers mystérieux au sein desquels la matière semble évoluer de manière autonome. Amorcée en 2021, sa série CRISIS manifeste cette distorsion du réel afin d’illustrer la thématique – très large – de la « crise ».
Au crépuscule de ce que l’on n’a cessé de nommer la « crise sanitaire », l’artiste pluridisciplinaire questionne ainsi ce terme et ses multiples définitions : « C’est la crise. Crise d’inspiration, crise de l’art, crise de l’artiste… sans parler de la crise sanitaire, et puis la crise de la quarantaine qui s’installe doucement… », écrit-il en préambule de son œuvre.
L’IA comme partenaire créatif
Troisième volet de cette série, CRISIS 3 est une vidéo abstraite d’à peine plus de 7 minutes réalisée en collaboration avec une intelligence artificielle. Alors que l’on a tendance à parler des IA comme d’outils, l’artiste français, aperçu au Musée des Beaux-Arts de Lille et à la Gaîté Lyrique à Paris. insiste quant à lui sur cet aspect collaboratif, considérant le machine learning, et plus précisément encore l’algorithme « BIGbigan », comme un réel alter-ego, le véritable co-créateur de ce court-métrage.
À partir des anciens travaux de Damien Serban, l’IA génère de nouvelles images, similaires ou presque, parmi lesquelles l’artiste pioche afin de créer un contenu totalement neuf. « Je pars à la cueillette aux champignons, je cherche, je sélectionne, j’ajuste et retravaille un peu, pour créer une nouvelle œuvre que ni lui ni moi n’aurions pu faire l’un sans l’autre. » précise-t-il à propos de CRISIS 3. De quoi raviver tous les débats autour de la propriété et les droits d’une œuvre réalisée à partir ou avec une IA…