Aussi bien inspirée par la nature que par l’iconographie soviétique, l’artiste ukrainienne Nadiia Pliamko, actuellement exposée à la Pocko Gallery de Londres, réalise des mondes 3D oniriques.
Exilée en Estonie depuis l’invasion russe début 2022, Nadiia Pliamko multiplie les références, aussi personnelles que référentielles. Entre folklore d’Europe de l’Est, architecture soviétique et féerie digne du Jardin des Délices de Bosch, les œuvres de l’artiste ukrainienne fascinent et brouillent les frontières entre rêve et réalité. Mettant aussi bien en scènes des éléments complètement fictifs que biologiques, ses espaces 3D surprennent par leurs contours extrêmement détaillés, si bien que l’on se prend à reconnaître certains éléments, pourtant complètement imaginaires.
Un art plus engagé qu’il n’y paraît
Pour donner vie à ces mondes, Nadiia Pliamko travaille d’abord à l’écrit, listant des dizaines et des dizaines d’idées, allant de l’ambiance générale des scènes qu’elle a en tête aux détails les plus minutieux, comme « la forme des boucles sur les chaussures du personnage ». Un goût pour la précision qui se matérialise ici grâce à des milliers d’expérimentations techniques. Les actifs prêts à l’emploi ? Très peu pour elle !
Si la magie de ses œuvres encourage à la songerie, ces dernières ne sont pas pour autant dénuées de références plus sombres, directement issues de la vie tourmentée de l’artiste numérique. À travers Magpies Nest, série exposée jusqu’au 30 novembre à Londres, Nadiia Pliamko fait notamment référence à la récente invasion de son pays, subtilement, afin d’éveiller les consciences. « Mes concitoyens font face à un hiver sans chauffage ni électricité, explique-t-elle. Il est peu probable que mes travaux réchauffent les doigts engourdis, mais si nous donnons tous un centime, certains vivront plus longtemps, d’autres survivront tout simplement. » Une autre manière de dire, en somme, que la poésie inhérente à l’art peut parfois sauver une journée. Voire une journée.