Actuellement présentée à la Galerie Poggi au coeur de l’exposition Swallowed, l’installation Vanish de Bertrand Lamarche déploie un jeu de perceptions et d’altérations où les frontières entre la réalité et l’imaginaire se dissolvent lentement.
Connu pour ses explorations de l’espace urbain et des phénomènes atmosphériques, Bertrand Lamarche continue d’étudier ce qui échappe au regard ou se trouve dissimulé à la surface du visible. Sa dernière création, Vanish, en atteste avec talent : mobilisant la lumière, la projection et la sculpture cinétique afin de transformer l’espace d’exposition de la Galerie Poggi en une scène en perpétuelle mutation, cette installation a visiblement servi de prétexte à l’artiste français pour manipuler des ventilateurs et des projecteurs synchronisés, créer des illusions de vagues mouvantes, et encourager cette impression d’instabilité et d’évanouissement.
On serait même prêt à parler de vertiges troublants, tant le regard semble continuellement mis à l’épreuve à la vue de ces figures circulaires, évoquant des trous noirs ou des spirales hypnotiques, qui apparaissent et disparaissent au gré des oscillations de la lumière.
Une plongée dans l’inconnu
Le trouble, voilà précisément ce qui anime depuis toujours Bertrand Lamarche. Animée elle aussi par un désir de subjectivation et d’appropriation, Vanish s’inscrit donc dans la continuité de son exploration autour des thèmes du temps et de l’espace, sujets ô combien récurrents d’un travail obsédé par l’idée de plonger le spectateur dans un monde inconnu, l’autorisant un instant à perdre ses repères. Ici, des formes floues émergent et se rétractent, donnant la sensation à celui qui expérimente l’œuvre de s’évanouir dans une autre dimension.
Il faut dire que Vanish est avant tout une expérience sensorielle, où le sound design accentue une dimension enveloppante, où chaque mouvement semble inviter à une réflexion profonde sur le passage du temps et la nature éphémère de l’existence. Une véritable expérience immersive, donc, au sein de laquelle nous sommes à la fois acteurs et spectateurs d’un jeu de disparition et de réapparition, où l’invisible devient visible, pour un instant fugace. Vanish, et plus largement l’ensemble de l’exposition Swallowed, propose ainsi une méditation poétique sur l’effacement, rappelant à quel point les mondes que nous traversons sont eux aussi faits de fragments insaisissables.