La chaîne culturelle franco-allemande consacre une série documentaire à l’avènement des NFT. Son nom ? NFT, chaos dans le monde de l’art. Étirée sur trois épisodes, celle-ci acte-t-elle le succès d’une technologie encore largement incomprise ?
Décliné en trois épisodes de vingt minutes, et disponible à partir du 24 janvier, le documentaire NFT, chaos dans le monde de l’art revient sur l’évolution des « jetons non fongibles », de leur apparition en 2017 à leur institutionnalisation, en passant par les ventes records et leur possible déclin. En fil rouge demeure une question : les NFTs sont-ils une véritable avant-garde artistique ou le mirage de l’ultralibéralisme ?
Ponctué d’interviews d’artistes (Thierry Ehrmann, JessyJeanne, Primavera de Filippi), de collectionneurs (Annelise Stern), de galeristes ou encore d’experts divers et variés (Jean-Michel Pailhon, co-fondateur de Grail Capital), le documentaire dresse un état des lieux critique de ce qui semble être, à ce jour, l’une des plus grandes révolutions de l’histoire de l’art.
Un documentaire nécessaire
La mini-série, narrée d’une voix presque robotique, s’ouvre sur l’utopie promise par les NFTs, à une époque où le marché de l’art n’a pas encore connu sa révolution numérique. Ce virage sera pris en 2017, suite à la vente record du fichier numérique Everydays: the First 5 000 Days de Beeple, cédé pour un peu plus de 69 millions de dollars lors d’une vente chez Christie’s, faisant de cet artiste le troisième créateur le plus cher au monde, derrière Jeff Koons et David Hockney. Arrivés en grande pompe, les NFTs promettent ainsi de tout rafler, et de miser sur une approche pécuniaire explorée dans le deuxième épisode (nommé « L’argent roi »), qui s’attarde sur la frénésie ayant suivi cette vente record, en concentrant notamment son attention sur les PFP (photos de profil) et ces cryptomonnaies promettant aux amateurs de devenir riches en peu de temps. Les NFTs sont-ils le nouvel eldorado ?
C’est cette question, posée par beaucoup, que le troisième et dernier épisode (intitulé « La désillusion ») vient nuancer. Entre la faillite de plusieurs entreprises de cryptomonnaies, dont FTX, ayant fait considérablement chuter les prix des œuvres numériques en 2022, et les rumeurs annonçant les NFTs morts et enterrés, le paradis pourrait bien s’être transformé en enfer. Du moins pour ceux qui espéraient pouvoir faire fructifier leur porte-monnaie sans s’intéresser à l’art. Car, du côté des artistes et des amoureux de la création, ce crash est plutôt positif, et permet aux NFTs de jouir enfin d’une certaine crédibilité sur la scène artistique. NFT, chaos dans le monde de l’art réussit ainsi sa mission : établir un bilan nécessaire tout en émettant quelques pistes pour l’avenir.