En témoigne l’exposition +GRAPH de Feral Files, qui en célébrait l’existence mi-novembre, le plotter semble être devenu l’un des outils privilégiés des artistes flirtant avec l’IA et l’art génératif. Pourquoi ? Comment ? Explications.
D’emblée, faisons un point étymologique. De l’anglais « to plot » (tracer), le terme plotter désigne une machine à dessiner, à « tracer des lignes ». Un peu à la manière d’une imprimante, cet outil fonctionne avec une tête remplie d’encre qui vient se promener sur la surface. Cette tête peut également être dotée d’une lame capable de découper le matériau choisi, et est donc largement plébiscitée dans la création de patron notamment.
Casey Reas, le commissaire de l’exposition +GRAPH, rappelle : « Il y a soixante ans, lorsque l’art génératif créé avec du code évoluait pour la première fois, tout était très différent. Les écrans couleur et l’impression n’étaient pas des options. La majorité des œuvres de cette époque ont été créées et expérimentées sous forme de dessins physiques réalisés avec une machine appelée « traceur » […] une machine à dessiner physique qui contient un stylo ou un autre outil de dessin et le déplace physiquement sur une feuille de papier. »
Du dessin technique à l’art contemporain
Partant de ce constat, Casey Reas a invité mi-novembre six artistes à explorer le lien entre codage et dessin à travers des NFTs d’art génératif. Si ces oeuvres numériques y sont exposées, le premier acquéreur de la série signée Licia He, Joanie Lemercier, Aleksandra Jovanić, James Merrill, Iskra Velitchkova ou Julien Gachadoat pourra recevoir le dessin réalisé au plotter correspondant, conçu dans l’atelier de l’artiste après avoir été nourri d’un logiciel de création.
Parfaitement référencée à l’histoire de l’art génératif, cette démarche redonne ses lettres de noblesse au plotter, majoritairement utilisé pour du dessin technique, qui devient ici un outil pleinement au service de l’art. Car, si les plotters étaient à l’origine des machines si massives qu’elles pouvaient allègrement remplir une pièce, elles se sont aujourd’hui réduites à une taille plus confortable et s’intègrent avec une grande facilité dans les studios des plasticiens. Alors qu’une imprimante ne peut s’adapter à tous types de supports, le plotter, lui, peut utiliser une large gamme de peintures, d’encres, d’outils de dessin et de médiums différents. Une flexibilité qui a su inspirer les artistes de l’exposition, tous fascinés par la possibilité de se servir de papiers de toutes textures pour y déposer des encres spécialisées et des mélanges hybrides d’aquarelles et de peinture acrylique.