Récemment exposée au ZKM, Iris QU Xiaoyu a tout de la nouvelle coqueluche de l’art numérique. Utilisant le code comme médium, l’artiste chinoise aborde dans son travail les aspects spéculatifs, politiques et aussi poétiques de la technologie. Petit conseil : retenez bien son nom !
Originaire de Beijing, Iris QU Xiaoyu vit et travaille aujourd’hui à Brooklyn, où elle officie comme ingénieure logiciel pour Google le jour, et comme artiste numérique la nuit – une double vie qui s’explique aisément quand on sait qu’elle est également titulaire d’une maîtrise en beaux-arts du programme de design et de technologie de la Parsons School of Design. Entre code, simulation et intelligence artificielle, sa pratique protéiforme questionne les relations des nouveaux outils technologiques avec le monde.
En parfaite symbiose
Cette approche, ô combien singulière, a rapidement séduit de nombreuses institutions, du Cube Garges au Chronus Art Center de Shanghai, en passant par la House of Electronic Arts de Bâle. Il faut dire qu’en s’intéressant à l’avenir, et plus particulièrement à la coexistence entre nature et technologie, Iris QU Xiaoyu cristallise les angoisses les plus actuelles de notre monde, sans jamais perdre son optimisme pour autant.
Car, là où de nombreux créateurs explorant ces questions tendent vers la dystopie, Iris QU Xiaoyu, elle, ne cherche pas à dramatiser ni à magnifier ses prises de position. Son atelier Symbiotic AI, présenté au ZKM en novembre dernier, en est le parfait exemple. « En travaillant sur Symbiotic AI, j’ai essayé de construire un monde qui ne soit ni une utopie ni une dystopie, explique-t-elle à Metal Magazine. Pour la deuxième itération de cet atelier, j’ai décidé de retirer le personnage humain et de cadrer le récit autour des objectifs des autres espèces. Sans avoir besoin de tirer profit et d’entretenir une communauté de travailleurs humains, j’ai constaté que l’objectif devenait beaucoup plus simple : il devenait une histoire de survie mutuelle. »
Au cours de cet atelier, les participants ont été invités à jouer un scénario fictif et à incarner sept personnages non humains (un hérisson, un papillon, un champignon, etc.) afin de développer ensemble une communauté symbiotique. D’où le nom de ce jeu, qui s’appuie sur deux scénarios climatiques prédits par une IA qui menacent l’écosystème. En deux tours, les joueurs ont ainsi dû redistribuer les ressources afin d’établir de nouvelles relations et… espérer survivre. Traduction : Symbotic IA est une expérience aussi ludique que puissante.