À la rentrée, MOMENTA la Biennale de l’image fait son retour à Montréal. Au programme : dynamiques visible/invisible, mutations entre l’humain, le vivant non-humain et la technologie, mais également bien d’autres métamorphoses au coeur de nos quotidiens.
L’édition 2023 de MOMENTA, dont Fisheye Immersive est partenaire, promet pour le moins d’être déstabilisante. Son thème : « Mascarades. L’attrait de la métamorphose ». Traditionnellement associée au spectacle négatif de la tromperie, de la trahison cynique, la mascarade est également rattachée d’un point de vue étymologique au régime des masques, des déguisements, des décors. Dans le langage commun, elle sert aussi à décrire toutes ces situations de confusion où l’hypocrisie règne, où les rôles sociaux, surjoués, en deviennent grossiers. Rien de bien positif, donc. Heureusement, la Biennale montréalaise est bien décidée à réhabiliter cette notion, faisant de la transformation une qualité, la rapprochant de termes moins connotés, tels que la métamorphose ou le mimétisme.
Éloge de la métamorphose
Rien d’étonnant à ce parti pris quand on sait que la commissaire invitée cette année n’est autre que Ji-Yoon Han. Curatrice pour la Fonderie Darling, la Fondation Grantham ou encore le Cabinet de la photographie du Centre Pompidou, Ji-Yoon Han envisage la fluidité des identités comme un principe de vie. Celle-ci serait, naturellement et technologiquement, à l’oeuvre dans tout ce qui nous entoure – c’est un fait. Dès lors, pourquoi vouloir la stigmatiser ?
De son côté, MOMENTA choisit de mettre toutes ces identités à l’honneur via un panel d’artistes visuels caméléons, n’ayant aucunement peur de voir leurs images se distordre, être récupérées, transformées, hybridées… Mentions spéciales également à des artistes tels Hito Steyerl, Anette Rose ou Meky Ottawa, qui osent ici passer du tout-numérique à la performance vivante, tout en s’autorisant l’improbable, l’inédit, parfaitement en phase avec les propos tenus dans le dossier de presse : « Les expositions feront parade, tel un cortège de situations surprenantes : des humain·e·s qui dialoguent par l’entremise d’imitations de perroquets ; un céphalopode qui se dandine sur une chanson de Whitney Houston ; des personnes complexées de chanter qui forment une chorale ; un scorpion, une chauve-souris et un serpent qui unissent leurs voix dans une comédie musicale satirique ; et plus encore ».
À son issue, la mascarade ne sera donc plus seulement ce symbole d’une vaste comédie humaine, mais se percevra également comme le droit à chacun de se redéfinir en permanence. Ce qui, on le concède, est mal vu au sein de nos sociétés abandonnées à survisibilité et au contrôle – ce à quoi s’attaque justement la Biennale MOMENTA. Point d’orgue pour les fans d’immersion, l’exposition Mirages sur l’étang de l’artiste costaricaine Bianca Shonee Arroyo-Kreimes qui entend reconstituer un « marécage de tous les mirages » sur une « image-peau » en réalité augmentée où défileront des insectes et amphibiens des plus étranges.