Jusqu’au 10 septembre prochain, la biennale belge ARTour signe une 14ème édition obnubilée par l’idée d’ouvrir des portes vers des « entre-mondes ». Késako ? Des territoires concrets ou imaginaires, des espaces intermédiaires, des frontières insaisissables, des dimensions parallèles… Un beau programme !
L’image de la porte, du passage ou de la brèche est un marronnier des expositions. Loin de s’en lasser, elle nous permet de saisir en quoi les oeuvres sont des espaces transitionnels vers d’autres imaginaires, des réalités alternatives, des visions hors-du-commun. En creux, l’évasion, le fantastique, l’impression de toucher à d’autres possibles. Parlant de « simulacres », « réalités étendues », et de « metavers », l’historien de l’art Philippe Franck peaufine la définition du thème à l’occasion de la 14ème édition d’ARTour : « D’une certaine manière, nous évoluons sans cesse, via nos écrans et les réseaux, dans ces « entre-mondes » avec la difficulté croissante d’identifier ce que serait le khaos primordial, ou une réalité première de plus en plus éloignée. L’antagonisme entre « réel » et « virtuel » est aujourd’hui dépassé. »
On comprend alors que la création numérique occupe une place à part, et qu’il est primordial de foncer à ARTour, la grande biennale qui a pris ses quartiers dans plusieurs villes de la région Centre de Belgique (La Louvière, Soignies, Bois-du-Luc…) Le parcours ne prévoit pas d’autres itinéraires que celui guidé par notre curiosité. En voici, selon la rédaction de Fisheye immersive, deux étapes incontournables.
Slyder à Bois-du-Luc (Musée de la Mine et du Développement Durable)
Le plasticien et réalisateur Régis Cotentin questionne, dans cette installation en trois dimensions, le degré de réalité que nous accordons en tant que visiteur aux visions de synthèse. Dans cette optique, il fait émerger des chimères qui évoluent dans un monde ayant ses propres logiques, sa propre cohérence. L’objectif ? Instaurer un questionnement intime, nous faire douter de l’existence unique et absolue de notre réel. En deux mots ? Époustouflant et déstabilisant.
D’un monde (sONore) à l’autre, à La Louvière (Centrissime)
Ici, c’est un parcours géolocalisé que l’on découvre, avec Tommy Lawson pour guide. L’artiste sonore encourage à tendre l’oreille au monde invisible qui nous entoure, ainsi qu’à ses multiples couches de sons. Pour cela, le sound designer, membre du collectif AMZL de Bastia, se sert d’un dispositif qui augmente les bruits et les réinjecte dans des micro-récits, entre documentaire et fiction. En d’autres termes, D’un monde (sONore) à l’autre est une porte vers le microscopique, vers l’immatériel et l’imaginaire. Toutes ces strates qui sont contenues, presque magiquement, dans un simple cliquetis ou un battement d’aile imperceptible.
- ARTour, du 25 juin au 10 septembre en Belgique