Intitulée Matter Gone Wild, l’exposition présentée du 14 novembre au 27 janvier dans le 8ème arrondissement de Paris mêle sculpture, installation, performance et art numérique. À travers cet ensemble protéiforme et immersif, l’artiste originaire de Metz explore les notions de réseaux dissidents et insiste sur la nécessité de les mobiliser.
Lorsqu’elle parle de l’œuvre de Josèfa Ntjam pour AWARE (Archives of Women Artists Research & Exhibition), la curatrice et critique d’art Barbara Sirieix dit d’elle qu’elle a une « écriture spéculative pluridisciplinaire ». Si la pluridisciplinarité saute aux yeux, compte tenu de la multiplicité de formats exposés à l’occasion du projet Matter Gone Wild, l’aspect spéculatif paraît moins évident. Pourtant, c’est bien grâce à l’anticipation et à la science-fiction que la plasticienne réussit à nous amener vers des sujets politiques. Voire même à métaphoriser les luttes passées… et à venir.
Recréer un imaginaire révolutionnaire
Pour cela, Josèfa Ntjam, 31 ans, convoque les figures révolutionnaires de Marthe Moumié, Ernest Ouandié, Toni Morrison, ou encore Henrietta Lacks qui côtoient ici des chimères et autres divinités mythologiques, symboles de lutte et de force intérieure, tels que Mami Wata, Amma & Nommo ou Hilolombi, dans un ensemble où les références s’enchaînent, au même titre que les formats et les médiums. Grâce à sa pratique transversale, Josèfa Ntjam, désormais établie à Saint-Étienne, tente de retisser les liens entre toutes les révolutions, de créer des ponts entre elles afin d’y trouver des connexions politiques, sociales ou philosophiques.
En s’intéressant notamment à l’espace très connoté du maquis, biotope symbolisant parfaitement le sujet de la révolte, l’artiste pose également son regard sur la flore qui compose cet espace naturel, tout en se penchant sur le pouvoir des plantes, qui, on le sait désormais, peuvent être aussi salvatrices que destructrices. En résumé, que ce soit à travers la sculpture, la vidéo ou la poésie, c’est à la Fondation Pernod Ricard que s’organise la résistance future.
- Matter Gone Wild de Josèfa Ntjam, du 14 novembre au 27 janvier 2024, Fondation d’entreprise Pernot Ricard, Paris.