Jusqu’à l’automne, l’Institut du Monde Arabe donne la parole aux artistes arabes et des diasporas qui anticipent l’avenir à travers leur art. Entre dystopies angoissantes et théories optimistes, les 18 vidéastes, performeurs, peintres et artistes numériques invités nous proposent d’imaginer le futur avec eux.
À chaque territoire, sa vision du futur. L’Europe a eu son « Eurofuturisme »au début du XXe siècle, les États-Unis ont fantasmé un rétrofuturisme un peu kitsch au milieu du même siècle et Mark Dery, dans un article devenu célèbre, a théorisé l’afrofuturisme en 1993. Quant au golfe persique, il envisage l’avenir à sa manière, selon une démarche un peu plus critique. Théorisé par Sophia Al-Maria et Fatima Qadiri en 2012, le « Gulf futurism » questionne l’hypermodernisation et l’hypermondialisation tardives des territoires du Moyen-Orient, et sert aujourd’hui de fondements à Arabofuturs : Science-fiction et nouveaux imaginaires, cette exposition collective qui s’ouvre via la version revisitée d’un mall XXL par Sophia Al-Maria.
Demain, c’est loin
Dans sa première partie, Arabofuturs se focalise essentiellement sur le monde actuel, déformé ou amplifié, notamment via les compositions numériques teintées de pop-culture de Sara Sadik ou de Skyseeef et ses voitures volantes. Mounir Ayache, lui, associe sculptures 3D, tirages numériques et jeu vidéo afin d’immerger le public dans le voyage imaginaire de Hassan al-Wazzan (Léon l’Africain). Deuxième étape : découvrir des « futurs hybrides », et spéculer sur l’avenir aux côtés de cette scène d’une extrême richesse. Certains rêvent de transhumanisme, à la manière de Neïla Czermak Ichti et Ayman Zedani, d’autres ne peuvent envisager autre chose qu’un futur politique, à l’image de Larissa Sansour et Søren Lind.
Enfin, on découvre avec joie la place centrale occupée par l’écologie dans la conception du monde de demain par les artistes issus du monde arabe. Ce sont d’ailleurs ces doutes et ces hypothèses qui viennent conclure le parcours, lorsque les mondes organiques de Hicham Berrada rencontrent les expériences de Zahrah Al Ghamdi. Quitte à se projeter dans une ère post-humaine.
- Arabofuturs : Science-fiction et nouveaux imaginaires, jusqu’au 27 octobre, Institut du Monde Arabe, Paris.