Ces derniers mois, de nombreuses revues dédiées à l’art numérique voient le jour et amènent à l’évidence du sérieux, de la crédibilité et un nécessaire regard critique sur des créations boostées aux technologies digitales. Petit tour d’horizon de ces revues spécialisées à absolument avoir dans sa bibliothèque.
Qui a dit que le papier était mort ? Pis encore : qui a dit que l’art numérique et ses multiples ramifications ne pourraient pas faire l’objet d’un média papier, au même titre les Cahiers du Cinéma pour le 7ème art ou les Inrocks pour la musique ? À l’occasion de la sortie du premier numéro de Fisheye Immersive – La Revue, penchons nous sur cinq de ces revues d’art qui mettent le numérique à l’honneur. Des centaines de pages où s’expriment des artistes inspirants, où l’on interroge la création digitale et immersive, mais aussi les enjeux contemporains et les grandes questions de notre monde. Des pages que l’on feuillette toujours avec le même plaisir renouvelé, comme un petit musée personnel.
Fisheye Immersive – La Revue
Évidemment, pas de top sans évoquer le premier numéro de notre revue annuelle, moins par mégalomanie que par fierté ! Lancée le 23 mai 2024, la version papier de Fisheye Immersive est à l’image de notre site et de notre newsletter éditoriale bimensuelle : une illustration pointue, réfléchie et didactique des défis posés par la transformation de la culture via les innovations technologiques, sans concession. Interview des grands artistes (Bill Vorn, Julien Creuzet, Salomé Chatriot, etc.), jeunes ou pionniers, focus sur la scène artistique du Québec, portfolios, ou encore de multiples décryptages autour de l’IA, du cyberféminisme et des réflexions postcoloniales : ce premier numéro, épais de 192 pages, fait non seulement le bilan d’une année chargée pour le numérique et l’immersif, mais tente également d’interroger l’époque, d’anticiper l’avenir et de poser un vrai regard critique sur la création internationale – d’où ses articles bilingues français/anglais.
Immersion
Depuis 2017, la revue Immersion milite pour une analyse critique et exigeante du jeu vidéo comme objet culturel. Étiré sur près de 200 pages richement illustrées, le magazine bi-annuel revient sur les grands enjeux socioculturels qui traversent l’univers des jeux vidéo, mais aussi sur les arts interactifs ou sur la réalité virtuelle. Son neuvième numéro, tout juste paru, renforce un peu plus la réputation d’un média qui s’est imposé dans le paysage éditorial comme une revue exigeante, curieuse des histoires humaines qui se cachent souvent derrière les créations vidéo-ludiques.
Worldbuilding : Gaming and Art in the Digital Age
Conçu en lien avec l’exposition du même nom, que l’on a notamment pu voir au Centre Pompidou-Metz l’année dernière, le catalogue Worldbuilding (en anglais) est signé conjointement par Hans Ulrich Obrist, directeur de la Serpentine Gallery et grand spécialiste de l’art numérique, et la Fondation Julia Stoschek. Lancée à l’occasion d’Art Basel, la revue rassemble des textes de théoriciens, de conservateurs et de critiques contemporains sur des oeuvres précises (celles de Theo Triantafyllidis et Ericka Beckman, par exemple), ainsi qu’une série de contributions offrant diverses perspectives sur l’intersection du jeu et de l’art numérique.
Right Click Save
Amateurs de NFTs ? Le livre du ClubNFT, publié par Vetro Editions, se concentre sur le crypto-art et revient sur les grandes figures de ce qui est aujourd’hui considéré comme un mouvement artistique à part entière. Consacrées à une nouvelle communauté de créateurs, d’artistes et de collectionneurs de crypto-art, ces 350 pages s’aventurent également sur le terrain de la critique via des analyses de tendances. Symbole d’un mouvement porté par un esprit communautaire, l’ouvrage, c’est à noter, est offert à tous les membres du ClubNFT. Dommage qu’il ne soit disponible que dans la langue d’Alan Turing.
Esse arts + opinions
Fondée en 1984, la revue d’art contemporain Esse est publiée trois fois l’an et tente, à chaque numéro, de couvrir les pratiques artistiques les plus actuelles en proposant des analyses où l’art est systématiquement mis en relation avec le contexte dans lequel il s’inscrit. Chaque numéro concocté par l’équipe québécoise propose ainsi un dossier thématique, un portfolio d’œuvres, une sélection d’articles critiques, des chroniques, ainsi que des comptes rendus d’expositions. Non disponible en France, Esse a le mérite de traiter l’ensemble des arts visuels, des pratiques performatives aux installations d’art numérique, en passant par les expériences immersives.