Présentée simultanément à la Copenhagen Contemporary et à la Glyptotek de Copenhague jusqu’au 29 décembre, l’exposition du duo d’origine palestinienne Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme, The song is the call and the land is calling, offre une immersion troublante dans la mémoire collective et le pouvoir des expressions culturelles.
Tournée autour du sentiment d’appartenance, du besoin d’autodétermination, mais aussi autour de la violence du monde, la pratique de Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme ne semble avoir d’autre ambition que de plonger le spectateur au cœur de la lutte palestinienne. Preuve en est faite actuellement à Copenhague avec The song is the call and the land is calling, une double exposition où les œuvres du duo, présentées ici sous forme d’installations vidéo et sonores, mais aussi d’archives, permettent de comprendre un peu mieux, et avec un peu plus de poésie, le climat catastrophique en Cisjordanie.
Deux artistes, deux expos
Du côté de la Copenhagen Contemporary, les visiteurs sont invités à découvrir Where the soil has been disturbed (2022-2023), une installation multicanal qui utilise des chardons séchés comme métaphore de la dépendance du territoire palestinien. À ses côtés, May amnesia never kiss us on the mouth: only sounds that tremble through us (2020-), une autre installation vidéo, se déploie sur plusieurs écrans rassemblant des enregistrements de réseaux sociaux où l’on voit des Palestiniens, des Irakien ou des Syriens danser et chanter dans des lieux publiques. Selon les artistes, tous les deux nés en 1983, cette œuvre permet de montrer « comment les communautés brisées résistent à l’anéantissement et récupèrent leur place, leur soi et leur communauté ».
À la Glyptotek, And yet my mask is powerful Part 1, 2, 3 (2016–18) joue avec des masques néolithiques de Cisjordanie vieux de 9 000 ans que Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme ont extirpé numériquement de collections privées. Jusqu’en 2014, année au cours de laquelle le public a pu enfin en prendre connaissance lors d’une exposition d’envergure au Musée d’Israël, ces masques ont été cachés à la vue de tous. En visitant l’exposition de façon virtuelle, les artistes ont donc une double idée : « pirater » les masques en les reproduisant à l’aide de l’impression 3D, et restituer par la suite les copies en Cisjordanie, dans une dynamique de juste retour au pays. Un geste finalement logique de la part d’un duo animé par l’envie d’utiliser le son, l’image et le texte pour révéler d’autres imaginaires politiques.
The song is the call, and the land is calling, jusqu’au 29.12, Copenhagen Contemporary/Ny Carlsberg Glyptotek.