Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme : un autre regard sur la Palestine

Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme : un autre regard sur la Palestine
Vue de l'installation “The song is the call, and the land is calling”, Copenhagen Contemporary ©David Stjernholm.

Présentée simultanément à la Copenhagen Contemporary et à la Glyptotek de Copenhague jusqu’au 29 décembre, l’exposition du duo d’origine palestinienne Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme, The song is the call and the land is calling, offre une immersion troublante dans la mémoire collective et le pouvoir des expressions culturelles. 

Tournée autour du sentiment d’appartenance, du besoin d’autodétermination, mais aussi autour de la violence du monde, la pratique de Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme ne semble avoir d’autre ambition que de plonger le spectateur au cœur de la lutte palestinienne. Preuve en est faite actuellement à Copenhague avec The song is the call and the land is calling, une double exposition où les œuvres du duo, présentées ici sous forme d’installations vidéo et sonores, mais aussi d’archives, permettent de comprendre un peu mieux, et avec un peu plus de poésie, le climat catastrophique en Cisjordanie.

Vue d’installation, The song is the call and the land is calling, Ny Carlsberg Glyptotek ©David Stjernholm

Deux artistes, deux expos

Du côté de la Copenhagen Contemporary, les visiteurs sont invités à découvrir Where the soil has been disturbed (2022-2023), une installation multicanal qui utilise des chardons séchés comme métaphore de la dépendance du territoire palestinien. À ses côtés, May amnesia never kiss us on the mouth: only sounds that tremble through us (2020-), une autre installation vidéo, se déploie sur plusieurs écrans rassemblant des enregistrements de réseaux sociaux où l’on voit des Palestiniens, des Irakien ou des Syriens danser et chanter dans des lieux publiques. Selon les artistes, tous les deux nés en 1983, cette œuvre permet de montrer « comment les communautés brisées résistent à l’anéantissement et récupèrent leur place, leur soi et leur communauté ».

À la Glyptotek, And yet my mask is powerful Part 1, 2, 3 (2016–18) joue avec des masques néolithiques de Cisjordanie vieux de 9 000 ans que Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme ont extirpé numériquement de collections privées. Jusqu’en 2014, année au cours de laquelle le public a pu enfin en prendre connaissance lors d’une exposition d’envergure au Musée d’Israël, ces masques ont été cachés à la vue de tous. En visitant l’exposition de façon virtuelle, les artistes ont donc une double idée : « pirater » les masques en les reproduisant à l’aide de l’impression 3D, et restituer par la suite les copies en Cisjordanie, dans une dynamique de juste retour au pays. Un geste finalement logique de la part d’un duo animé par l’envie d’utiliser le son, l’image et le texte pour révéler d’autres imaginaires politiques.

The song is the call, and the land is calling, jusqu’au 29.12, Copenhagen Contemporary/Ny Carlsberg Glyptotek.

À lire aussi
Palestine : quelle place donner à l’art numérique sous les bombes ?
“Un métro à Gaza” ©Mohamed Abusal
Palestine : quelle place donner à l’art numérique sous les bombes ?
L’art peut-il être une source de résistance ? À l’heure où les combats font rage sur le territoire palestinien, comment les…
20 février 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Art numérique : les artistes arabes demandent voix au chapitre
Skyseeef, Série Culture is the waves of the future, 2024, photographie © Skyseeef
Art numérique : les artistes arabes demandent voix au chapitre
À l’occasion de l’exposition “Arabofuturs” actuellement présentée à l’Institut du Monde Arabe, reportage auprès des artistes…
22 mai 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Premier contact : Anhar Salem en 3 infos essentielles
“Love & Revenge“ ©Anhar Salem
Premier contact : Anhar Salem en 3 infos essentielles
Être artiste, c’est permettre la rencontre avec une oeuvre, une pensée, un thème, une esthétique… qui peut bouleverser à jamais notre…
26 juillet 2023   •  
Écrit par Manon Schaefle
Explorez
Qui est Josep Poblet, architecte de lumière ?
“Lux Domus” ©Josep Pablot/Llum BCN 2024
Qui est Josep Poblet, architecte de lumière ?
Découvert lors de la dernière édition de CHRONIQUES, la Biennale des Imaginaires Numériques, Josep Poblet est un véritable touche-à-tout...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Londres : Pourquoi il faut absolument se rendre au festival LightSounds
Crédit photo : LightSounds
Londres : Pourquoi il faut absolument se rendre au festival LightSounds
Organisé au Rich Mix de Londres du 23 au 24 novembre, l’événement tient à redonner une place de choix...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
L'œuvre du jour : « AI Nüshu » de Yuqian Sun
Vue de l'installation “AI Nüshu”, 2023, à la SIGGRAPH Asia Art Gallery, Sydney, Australie, 2023 ©Yuqian Sun
L’œuvre du jour : « AI Nüshu » de Yuqian Sun
Lauréate pour la seconde fois du premier prix Carla Rapoport, Yuqian Sun brille à nouveau grâce à une œuvre synthétisant ses recherches...
18 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
« Fin et début », l'expo qui invite à réfléchir sur les infrastructures sociales
“Entropic Clonography” ©Johanna Bruckner
« Fin et début », l’expo qui invite à réfléchir sur les infrastructures sociales
À l’heure où la technologie se mêle inévitablement à nos vies et où les crises sociétales mettent en lumière la vulnérabilité...
15 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Qui est Josep Poblet, architecte de lumière ?
“Lux Domus” ©Josep Pablot/Llum BCN 2024
Qui est Josep Poblet, architecte de lumière ?
Découvert lors de la dernière édition de CHRONIQUES, la Biennale des Imaginaires Numériques, Josep Poblet est un véritable touche-à-tout...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Biennale Chroniques - Les voies secrètes du plaisir
"L'héritage de Bentham” ©Donatien Aubert
Biennale Chroniques – Les voies secrètes du plaisir
S’il existe une possibilité de goûter au plaisir, la Biennale des Imaginaires Numériques, dont Fisheye Immersive est partenaire, suggère...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Maxime Delcourt
« Les immatériaux » : le jour où le Centre Pompidou a consacré l'art informatisé
“L’objet perdu", de Jaques-Elie Chabert, Jean-Paul Martin, Camille Philibert et Dominique Horviller, 1985, Minitels et œuvres télématiques ©Centre Pompidou, MNAM-CCI
« Les immatériaux » : le jour où le Centre Pompidou a consacré l’art informatisé
Le 28 mars 1985, le Centre Pompidou donnait l'impression d'ouvrir de nouveaux mondes avec “Les Immatériaux”, une exposition imaginée...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Galerie Artverse : « Développer l’art numérique en un genre durable, et non pas en une tendance éphémère »
©Artverse Gallery
Galerie Artverse : « Développer l’art numérique en un genre durable, et non pas en une tendance éphémère »
Alors que le marché des NFTs connaît d’importantes incertitudes, la nouvelle galerie Artverse se positionne comme un acteur engagé dans...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas