Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres essentiels des mouvements créatifs explorant les liens avec les nouvelles technologies. IA, métavers, réalité augmentée… Ces auteurs traitent de tout ! Ce mois-ci, focus sur Codex Spatium de l’artiste Julien Prévieux, centré autour d’une œuvre éponyme abordant l’idée d’un nouveau droit spatial.
L’auteur
Artiste multidisciplinaire, Julien Prévieux est principalement connu pour ses travaux explorant les relations entre l’art, les nouvelles technologies et le monde du travail. Dès les années 1990, le Français se fait remarquer grâce à des vidéos de skateboard, avant de se tourner vers une pratique un peu plus absurde. D’abord avec la publication de ses « Lettres de non-motivation » envoyées à des entreprises en réponse à des offres d’emploi, puis avec la création de « Post-Post-Production », des effets spéciaux volontairement ratés. Lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2014, professeur aux Beaux-Arts depuis 2019, Julien Prévieux n’a pas son pareil pour poser un regard à la fois critique et faussement naïf sur la société dans des œuvres protéiformes (art vidéo, installation, performance et… rédaction), dont l’unique but semble d’interroger la folie du monde alentour.
Le pitch
Auteur de l’ouvrage Codex Spatium (publiées aux éditions de l’Observatoire de l’Espace du Cnes), Julien Prévieux a d’emblée envisagé son livre comme l’extension de son œuvre du même nom, çonçue dans le cadre d’une résidence à l’Observatoire de l’Espace. Un projet complexe, pensé autant comme un jeu et un film que comme une performance scénique. Une manière, surtout, pour l’artiste français de questionner la notion de « droit spatial », reprise et développée dans le livre. Lequel s’applique à retranscrire certaines parties du film menées par des artistes et des acteurs du monde spatial, chargés d’effectuer des recherches afin d’établir un nouveau traité de l’Espace.
Notre avis
À mi-chemin entre un livre d’entretiens, rondement menés par la critique d’art et curatrice Jill Gasparina, une restitution de projet visuel, une analyse théorique (mention spéciale au texte de Maxime Boidy) et un document vulgarisant les concepts spatiaux sur lesquels s’appuie Julien Prévieux, Codex Spatium est un objet hybride, à mettre aussi bien entre les mains des amateurs de conquête spatiale que des férus de recherches artistiques. Parce que, comme le dit l’astrophysicien Gérard Azoulay en introduction, l’œuvre du Français fait émerger « un théâtre de situations réjouissant pour la pensée et les sens », et parce que Codex Spatium « s’inscrit pleinement dans l’univers d’un artiste dont la capacité à dessiller le regard opère à la fois sur Terre et dans l’Espace ».