Alors que la maison britannique compte organiser du 20 février au 5 mars une première vente aux enchères d’envergure consacrée à l’IA, à New York, plusieurs milliers d’artistes se mobilisent ces derniers jours au nom du respect des droits d’auteur. Un mécontentement général qui relance l’éternel débat autour du pillage, véridique ou non, d’œuvres d’art protégées par les IA génératives.
Censée débuter le 20 février, une vente consacrée aux œuvres créées avec l’intelligence artificielle fait déjà scandale. Baptisé Augmented Intelligence, l’événement new-yorkais est présenté par Christie’s comme « la première vente dédiée à l’intelligence artificielle jamais organisée par une grande maison de vente aux enchères ». Refik Anadol, Harold Cohen, Holly Herndon & Mat Dryhurst, Pindar Van Arman (dont les œuvres sont estimées entre 180 000 et 250 000 dollars) ou encore Claire Silver… Tous les grands noms du genre proposent leurs œuvres à la vente, et espèrent attirer un peu plus la lumière sur leur pratique, encore méconnue.
Ça, c’était dans l’idée. Car dans les faits, la situation est tout autre, la vente faisant face ces derniers jours à une vague d’indignation de la part des artistes. En cause ? L’utilisation d’IA génératives (types Dell-E, OpenAI ou Midjourney) par certains des créateurs exposés chez Christie’s, un modèle dont le principe même est de se nourrir d’autres œuvres, parfois protégées par les droits d’auteur.
L’IA, une exploitation des artistes humains ?
Cette animosité envers l’IA n’est pas une première. Plus tôt cette semaine, en réaction au Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, près de 35 000 artistes ont signé une tribune alertant sur les dangers auxquels l’être humain s’expose à trop vouloir flirter avec cette technologie. Cette fois, la donne est toutefois quelque peu différente puisque ce n’est plus directement l’intelligence artificielle qui est visée, mais bien les artistes l’utilisant, accusés de plagier le travail d’autres artistes. Signée par environ 6 000 artistes et autres professionnels du monde de la culture (le chiffre grimpe chaque jour), une pétition demande ainsi l’annulation de l’évènement « par respect des artistes humains ».
« La plupart des œuvres d’art que vous envisagez de mettre aux enchères ont été créées à l’aide de modèles d’IA dont on sait qu’ils sont formés sur des œuvres protégées par le droit d’auteur sans licence. Ces modèles, et les entreprises qui les sous-tendent, exploitent des artistes humains, en utilisant leur travail sans autorisation ni paiement pour créer des produits d’IA commerciaux qui leur font concurrence », peut-on lire au sein d’une lettre ouverte accompagnant la pétition adressée à Nicole Sales Giles et Sebastian Sanchez, organisateurs de la vente. « Votre soutien à ces modèles et aux personnes qui les utilisent récompense et encourage davantage le vol massif du travail des artistes humains par les entreprises d’IA. » Pour l’heure, la vente n’est pas annulée.