Pour sa 29ème édition, étirée du 3 au 12 novembre, le Geneva International Film Festival associe cinéma et création numérique et immersive, asseyant une fois de plus son statut de manifestation avant-gardiste.
Fondé en 1995, le Geneva International Film Festival (GIFF) est le plus ancien festival genevois consacré au cinéma et fait, depuis, figure de précurseur dans la célébration du 7ème art, en étant notamment l’un des premiers au monde à avoir intégré la télévision dans ses programmes. Au moment de faire les comptes, on ne s’étonne donc pas qu’il soit devenu aujourd’hui l’un des rendez-vous phare du monde audiovisuel, où films, séries, installations interactives et œuvres en réalité virtuelle plongent les quelque 50 000 festivaliers attendus du 3 au 12 novembre dans un univers foisonnant, hybride, au sein duquel les disciplines s’entremêlent joyeusement.
Garder un temps d’avance
Si la manifestation met évidemment les formats classiques de la production audiovisuelle en évidence, des longs métrages aux séries, elle fait aussi depuis 2016 la part belle aux expériences immersives, au numérique et à l’innovation audiovisuelle. Sur un temps réduit, du 6 au 10 novembre, le Geneva Digital Market invite ainsi professionnels de l’image, industriels et théoriciens venus du monde entier à échanger sur ce qui fait l’univers audiovisuel d’aujourd’hui – et ce qui le traversera demain.
En parallèle à ce plateau de discussions, deux compétitions mettent à l’honneur les aspects les plus actuels du cinéma, tendance XR et VR. Il y a notamment la Compétition internationale d’expériences immersives, qui présente une sélection exceptionnelle d’œuvres numériques en réalité virtuelle où dix œuvres internationales concourent pour le Reflet d’Or décerné par un jury d’exception : Gaëlle Mourre (scénariste et réalisatrice française), Jay Kim (curateur XR sud-coréen) et Alexandra Gérard (directrice de l’évènement bruxellois Stereopsia).
En immersion dans le temps présent
Autre rendez-vous immanquable : la Compétition Future is Sensible propose une section convergente dédiée à la prospective sociale, écologique et technologique des œuvres audiovisuelles : Consensus Gentium de Karen Palmer, Kabaret de Gina Thorstensen ou Tulpamancer de Marc Da Costa ont en effet pour particularité d’interroger les choix éthiques du monde du cinéma et de la création numérique, ainsi que leur impact sur le futur du monde.
À regarder le line-up des autres sections, notre cœur penche également vers The Eye And I de Jean-Michel Jarre et Hsin-Chien Huang (déjà évoqué sur Fisheye Immersive), Bloom, où il est permis d’incarner un arbre et de redécouvrir l’importance de la biosphère environnante, Remember This Place : 31°20’46’’N 34°46’46’’E, un documentaire immersif pensé pour se souvenir avec douceur des lieux disparus à cause de la folie humaine, ou encore Murals où l’on plonge dans le chaos d’une ville actuellement assiégée (Kiev).
Au-delà de leur thématique, parfaitement en phase avec un festival se distinguant par son humanisme et sa dimension éthique, ces dix projets immersifs, tous présentés ici en avant-première mondiale, intriguent également par leur parti-pris esthétique – explorer les riches liaisons entre narration et technologie -, les expériences inédites qu’ils permettent (s’immerger dans une rave party anglaise via In Pursuit Of Repetitive Beats) et les promesses qu’ils génèrent. Car, oui, début novembre, à Genève plus qu’ailleurs, les technologies immersives permettent d’assouvir toutes sortes de fantasmes.