Du 21 avril au 31 décembre 2023, Mémoire Vive d’Oliver Laric surpasse les frontières temporelles en revisitant des chefs d’oeuvre de la statuaire greco-romaine antique avec une palette de techniques intégrant l’art digital.
D’une pierre deux coups, le musée archéologique de la Romanité à Nîmes enchaîne les premières fois. D’abord, celle d’exposer un artiste contemporain entre ses murs. Qui plus est, un artiste contemporain adepte de nouvelles technologies ! Disons-le : cette exposition célèbre l’union des époques et fait vivre la fascination exercée par l’Antiquité sur toute la culture contemporaine.
Remix d’oeuvres sculpturales antiques
Mémoire vive, c’est une quinzaine d’oeuvres inédites parmi lesquelles on circule avec la sensation perturbante d’avoir perdu nos repères temporels. Toutes ont été produites par Oliver Laric en écho avec des sculptures historiques de la collection permanente du musée. À travers elles, il livre sa réinterprétation de la statue d’Oceanus, de L’Enfant au chien… dans des matériaux très contemporains comme l’aluminium, le nylon et le polyamide, engendrant des visions hybrides, indatables et toutes aussi sublimes.
Il faut dire que l’artiste de 42 ans installé à Berlin est un habitué de l’exercice. Depuis plus de dix ans, il réalise des copies de statues en utilisant le scanner, la photogrammétrie et l’impression 3D puis les modifie, ou encore en reconstitue des parties manquantes à partir d’archives ou rien qu’avec son imagination.
Des copies de copies de copies
Dès ses débuts, Oliver Laric est un fervent activiste du courant « post-internet ». Entre 2009 et 2012, il supervise la série de vidéos Versions dans laquelle il fait évoluer des images digitales existantes. Sa façon de dire que toute production graphique, selon lui, ouvre droit à être réutilisée, manipulée, détournée. Un postulat qu’il réaffirme dans des oeuvres matérielles à partir de la fin des années 2010, mais toujours un pied dans l’art digital grâce au Scan 3D. Remix, sérialité, circulation sont les principes actifs à l’oeuvre dans son travail.
Notons que ces notions ne sont pas étrangères à l’art antique, les plus grands sculpteurs de l’époque ayant l’habitude d’oeuvrer en série et anonymement, sans revendiquer une quelconque propriété intellectuelle. Poussant l’idée à son paroxysme, l’autrichien va jusqu’à mettre à disposition certains de ses modèles digitaux en Open source en ligne, afin que d’autres artistes s’en emparent hors de tout contrôle. Et à en croire Nicolas de Larquier, commissaire de l’exposition, on peut se réjouir de cette proposition grâce à laquelle un musée d’archéologie « n’est plus un sanctuaire érigeant les vestiges du passé en totems, uniquement dévolu à regarder des siècles en arrière. Ses collections sont plus que jamais vivantes. »
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